Liens entre pollution de l’air et anomalies congénitales

Les anomalies congénitales sont des défauts structurels ou fonctionnels du corps et sont des causes de mortalité prématurée et néonatale, de morbidité chronique et d’incapacité de l’enfant. Ces anomalies peuvent être d’origine génétique, infectieuse ou environnementale mais ces causes restent encore difficiles à déterminer.

Cette étude s’intéresse au possible lien entre exposition à la pollution atmosphérique durant la grossesse et risque de développement d’anomalies congénitales chez l’enfant. La méthode utilisée est celle d’une revue systématique de 26 études épidémiologiques sur le sujet. Une méta-analyse est ensuite effectuée à chaque fois qu’un polluant est associé à un certain type d’anomalie dans trois études au minimum.

Cette méthodologie a permis de dégager trois associations significatives :
– Les malformations cardiaques et l’exposition au dioxyde d’azote (NO2), provenant essentiellement de la combustion d’énergies fossiles.
– Les problèmes oro-faciaux et l’exposition au dioxyde de soufre (SO2).
– Les complications cardiaques, dans une moindre mesure la malformation des membres, avec l’exposition aux particules fines (PM2,5 et PM10).

Ces conclusions soulignent ainsi l’influence des polluants atmosphériques sur la santé et notamment le rôle possible sur des malformations du nouveau-né. Les chercheurs appellent à continuer les travaux sur ce sujet afin de mieux caractériser les types d’expositions aux polluants et de mieux appréhender les facteurs de confusion.

Références : Ravindra K., Chanana N., Mor S., 2020 : Exposure to Air Pollutants and Risk of Congenital Anomalies: A Systematic Review and Metaanalysis. [En ligne] Science of The Total Environment
Accessible (en accès payant) : https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.142772

Exposition au bisphénol A et asthme infantile

Dans les modèles animaux, le bisphénol A (BPA) est responsable d’induction d’inflammation bronchique et asthme. L’étude a eu pour objectif de savoir si cette relation se confirme dans l’espèce humaine.

L’étude a inclus 148 enfants asthmatiques âgés de 5 à 17 ans, issus de familles de bas niveau socio-économique (seules 14% des familles avaient une assurance médicale privée) dans la ville de Baltimore aux Etats-Unis. Ces enfants souffrent d’un asthme mal contrôlé (passage aux urgences dans l’année précédente chez 81% des enfants) malgré la prise d’un traitement de fond chez 71% des enfants. L’exposition aux perturbateurs endocriniens était évaluée par la mesure des concentrations urinaires de BPA, bisphénol S (BPS) et bisphénol F (BPF), tous les 3 mois durant une année. En parallèle étaient monitorés les symptômes respiratoires diurnes et nocturnes, leur impact sur la qualité de vie et le recours éventuel à une consultation médicale non programmée, un passage aux urgences ou une hospitalisation pour asthme. Lors de chaque visite trimestrielle, une spirométrie et une mesure du monoxyde d’azote dans l’air expiré, traceur de l’inflammation bronchique, étaient réalisées.

L’analyse des données a mis en évidence une association entre des taux urinaires de BPA et la morbidité asthmatique : augmentation du risque de symptômes d’asthme : odds ratio : 1,40 (1,02-1,92), des consultations médicales non programmées : odds-ratio : 1,84 (1,1-3,0) ou du risque de passage aux urgences pour asthme : odds-ratio : 2,12 (1,28-3,51) pour une multiplication par un facteur 10 du taux urinaire de BPA. Par ailleurs, l’association avec ces trois conséquences ne concernait que les garçons et uniquement le BPA et non BPS ou BPF.

Les auteurs concluent qu’étant donnée la prévalence élevée à la fois de l’exposition au BPA et de l’asthme dans cette population infantile, ces résultats appellent des études complémentaires.

Références : Quirós-Alcalá L., Hansel N. N., McCormarck M., et al. 2020 : Exposure to bisphenols and asthma morbidity among low-income urban children with asthma [En ligne] Journal of Allergy and Clinical Immunology
https://doi.org/10.1016/j.jaci.2020.05.031

L’Anses propose un outil pour hiérarchiser les risques chimiques et biologiques liés à l’alimentation

Depuis la production à la consommation, les produits alimentaires peuvent être contaminés par des agents biologiques ou chimiques. L’Anses a développé un outil d’aide à la décision pour hiérarchiser les risques sanitaires associés à ces contaminants.

L’Anses a d’abord identifié 35 agents biologiques et 11 familles d’agents chimiques susceptibles de contaminer les aliments ainsi que plusieurs milliers de couples aliment-danger jugés pertinents. Elle a ensuite défini des critères de hiérarchisation, en fonction de la probabilité de survenue du risque et de la sévérité des effets sanitaires. Dans une dernière étape, l’Anses a collecté les données disponibles et a renseigné et agrégé les critères au sein de l’outil mis au point.

Cet outil a été testé sur plusieurs contaminants et couples aliment-contaminant, ce qui a permis de montrer son potentiel. En complément, l’Anses conseille la création et la mise à jour d’une base de données pérenne, le déploiement de l’outil grâce à des partenariats nationaux et internationaux, l’application de la méthodologie à l’ensemble des dangers et des couples aliment-danger, l’accompagnement des gestionnaires de risques et l’étude des dangers émergents.

Consultez le communiqué de l’Anses sur https://www.anses.fr/fr/content/s%C3%A9curit%C3%A9-sanitaire-des-aliments-l%E2%80%99anses-propose-un-outil-pour-hi%C3%A9rarchiser-les-dangers

Biosurveillance de la présence de substances perfluoroalkylées (PFAS) dans le lait maternel en République Tchèque

Les substances perfluoroalkylées (PFAS) sont des polluants chimiques persistants et bioaccumulables. Ils sont classés perturbateurs endocriniens, mais on les suspecte d’autres effets sanitaires néfastes (par exemple d’être cancérogènes). Dans cette étude, des chercheurs ont analysé des échantillons de lait maternel collectés en 2006, 2011, 2014 et 2017 pour en analyser les concentrations en sulfonate de perfluorooctane (PFOS), en acide perfluorooctanoïque (PFOA) et en acide perfluorononanoïque (PFNA), trois PFAS.

Les chercheurs ont détecté du PFOS et du PFOA dans plus de 90% des échantillons analysés. Les concentrations de PFOA étaient significativement supérieures à celles de PFOS. Les concentrations de ces deux substances dans les échantillons de lait maternel ont diminué, ce qui peut être attribué aux restrictions mises en place ces dernières années. Cependant, les concentrations observées restent susceptibles d’effets sanitaires néfastes chez l’enfant si l’on considère les recommandations de 2018 de l’European Food Safety Agency . Ces substances restent donc très présentes, et l’étude témoigne de la nécessité de poursuivre les efforts européens pour réduire l’usage du PFOS et du PFOA et renforcer la surveillance des principales voies d’exposition.

Références : Černá M., Grafnetterová A. P., Dvořáková, D., 2020 : Biomonitoring of PFOA, PFOS and PFNA in human milk from Czech Republic, time trends and estimation of infant’s daily intake. [En ligne]. Environmental Research, vol. 188, 9 p. Disponible en accès payant sur https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935120306563?via%3Dihub

Exposition par l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants aux résidus de pesticides : quels risques sanitaires ?

Les auteurs ont étudié l’exposition chronique aux pesticides par l’alimentation d’enfants français âgés de moins de 3 ans. 516 pesticides et leurs métabolites ont été analysés dans 309 échantillons d’aliments, comprenant des échantillons de nourriture pour bébé et des échantillons d’aliments classiques. A partir de ces analyses, les auteurs ont pu estimer l’exposition chronique des enfants à ces pesticides par l’alimentation selon deux scénarios, et déterminer en conséquence les risques sanitaires associés.

67% des échantillons présentaient des résidus de pesticides, soit 27% des échantillons d’aliments pour bébé et 60% des échantillons d’aliments classiques. Pour 278 pesticides, les concentrations restaient toujours en dessous des valeurs toxicologiques de référence. Cependant, des analyses plus précises seraient à mener pour une partie des pesticides étudiés. D’autre part, l’absence de valeurs toxicologiques de référence pour certains pesticides gêne l’estimation précise du risque sanitaire. De plus, l’EFSA recommande désormais que l’exposition des très jeunes enfants à certains résidus de pesticides par l’alimentation soit inférieure aux concentrations maximales admises dans les aliments à destination des nourrissons et jeunes enfants.

Références : Nougadere A., Sirot V., Cravedi J. P. et al., 2020 : Dietary exposure to pesticide residues and associated health risks in infants and young children – Results of the French infant total diet study. [En ligne]. Environment International, vol. 137, 12p. Disponible sur : https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105529

Restriction des substances chimiques dans les couches jetables en Europe : une consultation publique est lancée par l’ANSES

Suite à son rapport dénonçant la présence de plusieurs substances chimiques dans les couches jetables, l’ANSES propose d’encadrer leur présence au niveau européen via une restriction REACH. L’ANSES suggère ainsi d’interdire ou du moins de limiter l’usage d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de dioxines, de furanes, de polychlorobiphényles (PCB) et de formaldéhyde dans ces produits. Déjà notifiée à l’ECHA en septembre 2019, la proposition de l’ANSES sera officiellement soumise en octobre 2020.

D’ici là, l’ANSES a lancé une consultation des parties prenantes (entreprises, ONG, labels et certifications, personnalités politiques,…) pour recueillir des informations variées à propos des substances chimiques ciblées (taux d’utilisation, données d’exposition, substituts envisageables et données socioéconomiques). Le but est d’évaluer les risques ainsi que les impacts socio-économiques pouvant être attendus de la restriction proposée. Les information collectées grâce à la consultation sont essentielles pour réaliser l’évaluation scientifique qui viendra appuyer le dossier de proposition de restriction, et donc pour guider la décision finale de l’ECHA.

Pour en savoir plus, lisez l’article de l’ANSES. Pour participer à la consultation, cliquez ici.

La Commission Européenne demande un avis scientifique sur la présence de bisphénol A dans les vêtements

En avril, la présence de bisphénol A a été détectée dans des chaussettes pour enfant. Cette étude est la première à avoir examiné et montré la présence de bisphénols A dans des échantillons de vêtements commercialisés en Europe. En 2017 et 2018, du bisphénol A avait également été détecté dans des vêtements non commercialisés en Europe (à savoir dans des collants, vêtements qui peuvent être portés par les femmes enceintes, ainsi que dans des chaussettes pour enfant). Cette étude portant sur des échantillons de vêtements commercialisés en Espagne avait montré la présence de bisphénol A dans 90,6% d’entre eux, pour des concentrations allant de moins de 0,70 à 3736 ng/g.

Pour la Commission Européenne, la présence de cette substance chimique dans les vêtements pour enfant est tout particulièrement préoccupante en raison du contact prolongé des vêtements avec la peau. De plus, il existe pour les enfants un risque que les vêtements soient portés à la bouche, et que l’exposition au bisphénol A puisse ainsi également se faire par voie orale en plus de la voie cutanée.

Etant donné qu’il n’existe actuellement pas de réglementation sur les concentrations en bisphénol A dans les vêtements pour enfant, il est selon la Commission Européenne essentiel d’évaluer les risques associés à la présence de cette substance chimique, et les besoins de mise en place d’une législation appropriée.

La Commission Européenne demande ainsi à ce que :
-les données disponibles sur la présence de bisphénol A dans les vêtements soient examinées;
-de déterminer le seuil à partir duquel l’exposition au bisphénol A par les vêtements représente des risques concrets pour la santé;
-d’évaluer la vulnérabilité des femmes enceintes et des enfants à cette exposition au bisphénol A par les vêtements, et de déterminer les concentrations acceptables dans les vêtements qui leur sont destinés afin de limiter les risques pour leur santé.

La Commission escompte un avis final sur ce sujet d’ici l’été 2020.

Retrouvez le texte intégral ici.