Les phtalates et le bisphénol A sont des substances entrant couramment dans la composition des produits. Or, les recherches scientifiques menées à leur propos ont progressivement démontré leurs effets sanitaires néfastes, tout particulièrement sur le système endocrinien. Suite à ces recherches, une tendance à remplacer le bisphénol A par d’autres susbtances s’est développée. Les industriels se sont notamment tournés vers le bisphénol S et le bisphénol F.
Or, d’autres recherches laissent aujourd’hui supposer que ces alternatives ne sont pas sans danger pour la santé, et qu’elles pourraient également impacter le fonctionnement du système endocrinien. Elles seraient de plus susceptibles de particulièrement s’accumuler dans l’organisme. L’European Chemicals Agency (ECHA) a d’ailleurs publié l’année dernière une étude qui a montré que la biopersistance du bisphénol S serait plus élevée que celle du bisphénol A.
Dans la présente étude, les auteurs ont procédé à la biosurveillance de la présence de bisphénol A, de bisphénol S et de métabolites de phtalates chez 100 femmes enceintes en Crête. Pour réaliser cette biosurveillance, les chercheurs ont analysé la présence de bisphénols S et A ainsi que celle de métabolites de phtalates dans des échantillons de cheveux des participantes à l’étude.
Les chercheurs ont observé la présence de monoethylhexyl phthalate, un métabolite de phtalate, dans près de 70% des échantillons. Deux autres métabolites de phtalates, à savoir le mono isobutyl phthalate et le mono-n-butyl phthalate (deux autres métabolites), ont été respectivement détectés dans 40% et 28% des échantillons. Le bisphénol A et le bisphénol S étaient quant à eux respectivement présents dans 37% et 34% des échantillons.
Grâce à un questionnaire communiqué aux participantes à l’étude, les auteurs ont pu discerner des facteurs susceptibles de favoriser la présence de métabolites de phtalates dans l’organisme. Ils estiment ainsi une forte corrélation entre l’utilisation de récipients alimentaires en plastique ainsi que l’emploi de cosmétiques avant et pendant la grossesse et la présence de plusieurs métabolites de phtalates dans l’organisme.
Les auteurs ont d’ailleurs remarqué que selon le type de cosmétiques et la période d’utilisation, les métabolites de phtalates retrouvés dans l’organisme et leurs concentrations varient. Ils ont ainsi noté que l’emploi de certains cosmétiques (laque pour cheveux, maquillage, déodorant) avant ou pendant le premier trimestre de grossesse semblait particulièrement favoriser l’accumulation de plusieurs métabolites de phtalates dans l’organisme. Ils nuancent néanmoins ces informations par le fait que les données ont été obtenues à l’aide d’un questionnaire, et que leur véracité ne peut donc pas être assurée.
Pour finir, les chercheurs ont estimé les risques sanitaires liés à la présence de ces substances chimique dans l’organisme des participantes. Ils ont notamment distingué une forte corrélation entre les concentrations en monoethylhexyl phthalate et l’insuffisance pondérale à la naissance. La présence de bisphénol S a quant à elle été associée à une augmentation du poids et de l’indice de masse corporelle (IMC). La présence d’autres facteurs d’influence possibles n’a pas permis de confirmer l’association entre des effets sanitaires particuliers et les concentrations de bisphénols A détectées dans les cheveux des participantes.
Références : Katsikantami I., Tzatzarakis M. N., Karzi V. et al., 2020 : Biomonitoring of bisphenols A and S and phthalate metabolites in hair from pregnant women in Crete. [En ligne]. Science of The Total Environment, vol. 212. Disponible sur https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969719356463?via%3Dihub