Les microplastiques (MP) sont des plastiques dont la taille est comprise entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petits que l’épaisseur d’un cheveu. Comme beaucoup de polluants ils sont ubiquitaires. Ils sont retrouvés partout dans l’environnement : l’air, les habitations, les cours d’eau, les sols mais aussi les océans. L’ensemble des espèces vivantes, des plus petites comme le zooplancton, aux plus grandes comme les baleines; peuvent les ingérer. (Anses, 2020)
On les retrouve donc dans l’environnement, mais d’où viennent-ils ?
- Microplastiques primaires : ils sont fabriqués volontairement sous forme de microparticules (ex microbilles de plastiques). Ils peuvent être utilisés par exemple dans des détergents, certains engrais, des produits d’entretien et certains cosmétiques (comme agent de texture, parfum ou colorant). Ils représentent 15 à 31 % des MP retrouvés dans l’océan. Le 25 septembre 2023, La Commission Européenne a fixé des mesures d’interdiction de mise sur le marché pour certains produits. Les paillettes libres et les cosmétiques contenant des microbilles exfoliantes sont désormais interdits. Progressivement, ces interdictions concerneront les détergents ou encore d’autres produits cosmétiques. (Une interdiction existait déjà en France depuis 2018 concernant les microbilles dans tous les « produits cosmétiques rincés à usage d’exfoliation ou de nettoyage ».)
- Produits issus de la dégradation des microplastiques : UV, vagues, abrasion, frottements… Ils représentent 69 à 81 % des MP retrouvés dans l’océan. Cette problématique est amplifiée car la dégradation est continue jusqu’au nanoplastique.
Ils se retrouvent dans la nature, mais sommes-nous exposé.e.s ?
Oui, selon une méta-analyse effectuée par WWF nous ingérerions 5g de microplastiques par semaine, l’équivalent d’une carte de crédit (Toutefois, cette quantité ingérée est toujours débattue entre les études).
L’eau potable, les fruits de mer, la bière et le sel représentent les sources principales d’exposition par ingestion. De plus, selon la même méta-analyse, nous sommes aussi exposés aux microplastiques par inhalation. Enfin, des études semblent également observer des expositions par voie cutanée.
Ces micro- et nanoplastiques auraient la capacité de traverser les barrières biologiques, de passer dans le sang et d’atteindre d’autres organes. De plus, ils pourraient s’accumuler dans l’organisme. Par exemple, des microplastiques ont été détectés dans le sperme, le placenta, le méconium et le lait maternel.
Qu’en est-il des nourrissons ?
Les bébés et enfants peuvent être exposés par inhalation (dont l’air intérieur et les poussières) et par ingestion (aliments, poussières, boissons, etc.). De plus, des questions se posent concernant les expositions par voie cutanée.
L’une des sources majeures d’exposition par ingestion pour les bébés sont les biberons en plastique. Il est donc possible de limiter l’exposition. En effet les microplastiques se libèrent proportionnellement à la température à laquelle on chauffe le plastique (de la même manière que les additifs des plastiques, type phtalates).
Quels sont les effets sur la santé de l’exposition aux microplastiques ?
En l’état actuel, aucune étude n’a encore pu montrer avec certitude un effet sur la santé humaine de ces expositions aux microplastiques. Toutefois, de plus en plus d’études toxicologiques portent sur les expositions aux microplastiques et leurs impacts potentiels. Des études chez l’animal ont notamment observé des phénomènes d’inflammation et de stress oxydatif.
Chez l’Homme, une première étude épidémiologique a observé des corrélations significatives entre l’abondance de microplastiques dans le placenta et des diminutions du poids de naissance, de la taille, de la circonférence de la tête et du score Apgar à 1min.
Ces premiers résultats nécessitent d’être confirmés par davantage de travaux. Des études épidémiologiques (comme le projet AURORA visant à étudier l’exposition aux micro- et nanoplastiques ainsi que leurs effets biologiques et sanitaires pendant la grossesse et au début de la vie) sont en cours.
A cette exposition aux plastiques s’ajoute l’exposition à leurs additifs qui entraînent des problèmes de santé prouvés (ex : BPA, voire BPS, phtalates, etc…) ; ainsi qu’un risque de contamination biologique. En effet, les bactéries ont la capacité de se fixer à la surface des plastiques.
Quels conseils peut-on donner aux patientes ?
Utiliser de préférence des biberons en verre ou en inox (voir aussi : https://www.projetfees.fr/que-penser-des-biberons-en-inox/)
En cas d’utilisation de biberons en plastique (anti-coliques, etc. ) :
- Chauffer la préparation dans un récipient en verre puis la verser dans le biberon.
- Ne pas secouer le biberon (sous l’effet mécanique des microplastiques se libèrent).
Comme l’inhalation est également une voie importante d’exposition aux microplastiques, on conseillera également de :
- Aérer 2x 10 minutes par jour,
- Dépoussiérer (par exemple avec un chiffon microfibre pour attraper la poussière),
- Éviter les sprays/aérosols pour les produits d’entretien et les cosmétiques (car ces derniers pourraient contenir des microplastiques).
Pour en savoir plus sur l’exposition des femmes enceintes, lisez notre article d’actualité en santé-environnement https://www.projetfees.fr/presence-de-microplastiques-dans-des-placentas-de-femmes-enceintes
Sources :
https://www.anses.fr/fr/content/les-microplastiques-un-risque-pour-lenvironnement-et-la-sante
https://www.europarl.europa.eu/topics/en/article/20181116STO19217/microplastics-sources-effects-and-solutions
https://single-market-economy.ec.europa.eu/publications/commission-regulation-eu-amending-reach-regulation-regards-synthetic-polymer-microparticles_en?prefLang=fr
https://www.notre-environnement.gouv.fr/actualites/breves/article/certains-produits-contenant-des-microplastiques-interdits-a-la-vente
Sangkham S et al. A review on microplastics and nanoplastics in the environment: Their occurrence, exposure routes, toxic studies, and potential effects on human health. 2022
Zuri G et al. Human biomonitoring of microplastics and health implications: A review. 2023
Zhao Q et al. Detection and characterization of microplastics in the human testis and semen. 2023
Sripada K et al. A Children’s Health Perspective on Nano- and Microplastics. 2022.
Amereh F et al. Placental plastics in young women from general population correlate with reduced foetal growth in IUGR pregnancies. 2022
Durkin AM et al. Investigating Exposure and Hazards of Micro- and Nanoplastics During Pregnancy and Early Life (AURORA Project): Protocol for an Interdisciplinary Study. 2024
Publié en décembre 2024