Perturbateurs endocriniens : obligation d’information dès 2022

Un décret paru le 23 août 2021 dans le Journal Officiel oblige les industriels à informer les consommateurs sur la présence de perturbateurs endocriniens dans leurs produits.

Cette obligation entrera en vigueur dès le 1er janvier 2022. Le décret indique que les produits concernés sont les denrées alimentaires, les produits biocides, les produits phytopharmaceutiques, les cosmétiques, les jouets et les dispositifs médicaux. Les médicaments sont exclus de cette liste.

Les substances incriminées comme étant perturbateurs endocriniens seront identifiées par un arrêté qui se conformera aux avis de l’Anses sur le sujet. A partir de là les producteurs auront 6 mois après la publication de cet arrêté pour fournir les informations liées à la présence de perturbateurs endocriniens de leurs produits mis sur le marché.

Le public pourra accéder à ces informations par voie numérique. Cet accès reste encore à définir mais prendra la forme d’une application ou d’une page Internet avec interface de programmation applicative. Des associations de consommateurs déplorent cet accès à l’information strictement en ligne mais l’initiative reste néanmoins inédite en Europe. De plus, dans le cadre de la loi AGEC, des solutions de pictogrammes sur les étiquetages sont actuellement toujours à l’étude, notamment pour les produits destinés aux femmes enceintes et contenant possiblement des perturbateurs endocriniens.

Le décret est consultable à cette adresse : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043964950

Abandon officiel de l’essence plombée dans le monde

Le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) a confirmé le 30 août 2021 la fin de l’utilisation du plomb dans les carburants. Utilisé comme additif pour améliorer les performances des moteurs de véhicules, le plomb fut peu à peu abandonné à partir des années 80 en raison de conséquences sanitaires et environnementales. Le dernier pays a proposer de l’essence plombée était l’Algérie jusqu’en juillet dernier. Le PNUE rappelle ainsi que l’exposition au plomb provoque des cancers, des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Ce métal lourd touche aussi le développement du cerveau humain, en particulier chez les enfants : des études scientifiques suggèrent des liens entre exposition au plomb et perte de 5 à 10 points de QI. Le programme indique que selon ses estimations, l’abandon officiel de l’essence au plomb permettra d’éviter plus d’1,2 millions de décès prématurés et d’économiser près de 2450 milliards par an. Le communiqué de l’ONU est disponible à cette adresse : https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/communique-de-presse/lepoque-de-lessence-au-plomb-est-revolue-une-menace

Interdiction de la mise en vente de vaisselle en bambou

Une note de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) parue en juin 2021 annonce que la vaisselle composée du mélange bambou / plastique ne peut plus être mise en vente en France. Pour le moment, aucune procédure de rappel ou de retrait n’a été lancée donc actuellement ces produits peuvent être encore achetés en magasin et sur Internet jusqu’à épuisement des stocks.

La DGCCRF propose aux fabricants de déposer un dossier de commercialisation à destination de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour faire valider une nouvelle mise sur le marché. Au niveau européen, un règlement datant de 2011 liste les substances que les industriels sont autorisés à ajouter au matières plastiques et le bambou n’y figure pas.

Le risque sanitaire évoqué par la DGCCRF lié à l’utilisation de ces produits n’est pas expliqué précisément mais se base sur plusieurs études et avis. Ainsi l’agence sanitaire allemande a démontré dernièrement dans un rapport que certaines substances comme le formaldehyde ou la mélamine pouvaient migrer vers les aliments lors de fortes températures. Ces substances potentiellement à risque pour la santé proviennent du liant pour le plastique et la poudre/fibres de bambou. Une note de la Commission européenne indique aussi que 10% des signalements liés à ces produits et effectués dans le cadre du Système d’alertes rapides pour les produits alimentaires indiquaient un dépassement d’un facteur de plus de 10 de la limite des migrations de formaldéhyde vers l’aliment. Enfin d’autres études indiquent que l’utilisation de matières de bambou déstabilise le matériau plastique et provoque ainsi des migrations plus importantes de substances à risques que dans le cas des produits en plastique conventionnel.

Dans le numéro de septembre 2021 de son magazine, l’association Que Choisir recommande aux possesseurs de ce type de vaisselle de ne l’utiliser qu’avec des denrées froides afin de réduire tout risque de migration.

La note d’information relative aux matériaux et objets destinés au contact des denrées alimentaires en plastique et bambou est consultable à cette adresse : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/note-dinformation-relative-aux-materiaux-et-objets-destines-au-contact-des-denrees

Transmission des messages de prévention en santé environnementale

Les femmes enceintes et les nourrissons font partie des catégories de personnes les plus sensibles aux conséquences de l’environnement sur la santé. Les 1000 premiers jours de l’enfant constituent en effet une période critique concernant la vulnérabilité aux polluants environnementaux. Tout comme leurs sources, ces polluants sont multiples et l’accès à la bonne information et aux bons gestes de prévention n’est pas toujours aisé. La transmission des informations par les professionnels de santé vers les patients est une étape cruciale qui peut dépendre du contexte et des individus.

Céline Carlier s’est intéressée à ce sujet dans le cadre de son mémoire de fin d’études au sein de l’Ecole de Sages-femmes de Lille : La transmission des messages de prévention en santé environnementale par les sages-femmes libérales lors de la période anténatale. Afin d’obtenir une étude qualitative, la méthodologie de ce mémoire s’est basée sur une enquête par entretiens semi-directifs auprès de 21 sages-femmes exerçant dans les Hauts-de-France.

Les résultats de ces entretiens indiquent que le prévention en santé-environnement est abordée par la très grande majorité des sages-femmes avec leurs patientes. En termes de temps passé, les discussions entre patientes et professionnels sur cette prévention totalisent en moyenne moins d’une heure sur la période du suivi de grossesse. Ces discussions sont généralement spontanées mais peuvent se heurter à certaines barrières. Chez les patientes, certains facteurs socio-économiques ou un manque d’intérêt pour le sujet peuvent ainsi apporter des difficultés dans la transmission. Du côté des sages-femmes, des solutions pourraient permettre de pallier cette situation mais elles dépendent souvent des politiques de santé. Les formations en santé environnementale comme celle du projet FEES constituent aussi une clé pour faciliter la transmission de conseils. Les sages-femmes ont ainsi indiqué que ce type de formation répondaient à ce besoin de renforcer leur expertise et de conseiller efficacement. Ce mémoire conclut en posant la question de la sensibilisation des patientes issues de milieux défavorisés et des moyens possibles pour ne pas les écarter des conseils de prévention.

Références : Carlier C., 2021 : La transmission des messages de prévention en santé environnementale par les sages-femmes libérales lors de la période anténatale, Ecole de Sages-femmes du CHU de Lille, mémoire de fin d’études
http://cosf59.fr/wp-content/uploads/2021/06/Memoire-Celine-CARLIER-La-transmission-des-messages-de-prevention-en-sante-environnementale-par-les-SF-liberales-lors-de-la-periode-antenatale.pdf

Nanoparticules de dioxyde de titane: le E171 traverse la barrière placentaire

Dans cette étude, plusieurs institutions se sont intéressées à l’exposition fœtale au dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. Sous cette forme, le dioxyde de titane est utilisé pour ses propriétés opacifiantes et colorantes dans l’alimentation, les cosmétiques ainsi que les médicaments.

Les résultats montrent que:

  • Le E171 passe le placenta : dosage dans 22 placentas de mères volontaires → le dioxyde de titane s’accumule dans le placenta majoritairement sous forme de nanoparticules. Afin de déterminer si l’alimentation pouvait être une source de contamination, les chercheurs ont perfusé le côté maternel des placentas avec du E171 pour ensuite observer le côté foetal, afin de voir si le E171 s’y retrouvait. Résultat : des nanoparticules de dioxyde de titane de l’additif E171 passent du compartiment maternel au compartiment fœtal.
  • Le nouveau-né est exposé in utero au dioxyde de titane : Le dioxyde de titane a été dosé également dans le méconium, excellent témoin de l’exposition aux substances chimiques pendant la grossesse. Résultat : des nanoparticules de dioxyde de titane sont retrouvées dans le méconium, signe que l’organisme fœtal a été exposé à cette substance.

Cette étude du CNRS confirme pour la première fois chez l’homme des résultats que l’on avait observé auparavant chez l’animal.
D’autres travaux sur le sujet sont à prévoir pour confirmer ces conclusions. Néanmoins les auteurs de l’article indiquent qu’une évaluation des risques concernant l’exposition chronique de l’E171 durant la grossesse est nécessaire afin d’aider les autorités publiques à statuer sur l’utilisation de cet additif et pour fournir des recommandations.

Retrouvez le communiqué de presse : https://www.cnrs.fr/sites/default/files/press_info/2020-10/CP_Houdeau_E171%20placenta_vf.pdf

Références de l’étude : Guillard A., Gaultier E., C. Cartier, et al., 2021 : Basal Ti level in the human placenta and meconium and evidence of a materno-foetal transfer of food-grade TiO2 nanoparticles in an ex vivo placental perfusion model [En ligne] Particle and Fibre Toxicology
https://doi.org/10.1186/s12989-020-00381-z

Recommandations pour la pratique clinique “les interventions pendant la période périnatale”

Les “interventions pendant la période périnatale” sont les deuxièmes grandes Recommandations pour la pratique clinique du Conseil National des Sages-femmes de France (CNSF). Ces textes, fruits d’un travail de nombreux experts pluridisciplinaires sont un socle de connaissances permettant la diffusion d’un message clair et unique.

“Ces recommandations de pratique clinique (RPC) ont pour but de définir les messages et les interventions de prévention à délivrer aux femmes et aux co-parents par les différents professionnels de la périnatalité. Les recommandations sont divisées en dix chapitres, réparties sur quatre axes :
1/ l’adaptation des comportements maternels (activité physique, substances psychoactives) ;
2/ les comportements alimentaires ;
3/ l’exposition domestique aux agents toxiques (usages domestiques, cosmétiques) ;
4/ la promotion de la santé de l’enfant (allaitement maternel, liens d’attachement, écrans, mort inattendue du nourrisson, syndrome du bébé secoué).

Une hiérarchie des différents messages de prévention a été proposée selon les périodes afin de tenir compte des contraintes de temps rencontrées par les professionnels.”

Accéder à l’ensemble des RPC : https://www.cnsf.asso.fr/pratiques-professionnelles/rpc-du-cnsf/interventions-periode-perinatale/

L’APPA a participé à la rédaction de ces RPC, pour le chapitre concernant les expositions domestiques aux agents chimiques : produits ménagers, matériaux de construction, décoration et pesticide.
Retrouvez le chapitre « Exposition domestique aux agents chimiques » : https://hal.uca.fr/hal-03283266

Exposition prénatale aux pesticides et conséquences sur la santé

Deux études françaises sont parues dernièrement et se sont penchées sur l’exposition prénatale aux pesticides et aux conséquences sur la santé.

La premier travail est une expertise collective provenant de l’Inserm. Cette revue de la littérature (5300 documents étudiés) a permis une actualisation des connaissances sur le sujet de l’exposition aux pesticides et la santé humaine. Parmi ces informations, le lien entre exposition prénatale de la mère aux pesticides et développement de leucémie chez l’enfant a été précisé. Ainsi la présomption de liens s’est renforcée entre usage domestique de pesticides et risque de développement de leucémie aiguës, tout comme l’exposition professionnelle et le risque de leucémie aiguë myéloïde. Un nouveau lien, à confirmer avec d’autres données, a été également découvert entre le risque de leucémie aiguë lymphoblastique en cas d’exposition professionnelle paternelle en période préconceptionnelle.

Ces travaux ont aussi confirmé la présomption d’une association forte entre exposition professionnelle aux pesticides des parents durant la période prénatale et risque de développement de tumeurs du système nerveux central chez l’enfant. D’autres études de cohortes mère-enfant indiquent des liens entre expositions à certaines familles de pesticides et d’autres complications de santé. On peut citer par exemple l’exposition aux organophosphorés et le risque troubles du développement neuropsychologique et moteur chez l’enfant. Les pyréthrinoïdes, utilisés de plus en plus en remplacement des organophosphorés, sont quant à eux associés avec certains de troubles du comportement intériorisés comme l’anxiété.

La seconde étude, publiée dans la revue Environmental Research, est un travail collectif entre des chercheurs de l’Inserm, EHESP, Ineris et l’Anses. Cet article s’intéresse au lien entre exposition prénatale aux pesticides et risque de pré-éclampsie et exploite des données provenant de la cohorte ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance).

Les données de l’étude écartent l’exposition par l’alimentation mais la proximité du lieu de vie près de zones agricoles ainsi que l’utilisation domestique de pesticides sont deux facteurs associés avec le risque de développement de pré-éclampsie. Ce constat mérite cependant d’autres études pour être confirmé.

Les auteurs rappellent dans les conclusions de ces deux travaux qu’il est nécessaire de rester vigilant face à l’exposition aux pesticides. Cette vigilance vaut évidemment à proximité de terres agricoles mais aussi au sein de la maison. Ainsi l’utilisation d’insecticides/biocides dans l’espace domestique doit se faire avec précaution ou si possible être remplacé par d’autres usages.

Références :
Expertise collective de l’Inserm : https://presse.inserm.fr/publication-de-lexpertise-collective-inserm-pesticides-et-effets-sur-la-sante-nouvelles-donnees/43303/

Article d’Environmental Research :
Enderle I., Costet N., Cognez N., et al., 2021 : Prenatal exposure to
pesticides and risk of preeclampsia among pregnant women: Results from the ELFE
cohort [En ligne] Environmental Research, vol.197 https://doi.org/10.1016/j.envres.2021.111048

Définition des nanomatériaux dans les cosmétiques

La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) ont publié dernièrement une note d’information sur le sujet de la définition des nanomatériaux dans les cosmétiques.

Le site du Ministère de l’Economie présente la note à travers ce texte :

« L’usage des nanomatériaux dans les produits cosmétiques est possible, mais dans des conditions strictement définies afin de permettre une utilisation sûre pour la santé humaine. Elles sont fixées par un règlement européen (règlement (CE) n°1223/2009 du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques) qui constitue le cadre réglementaire pour les produits cosmétiques.

Dans le cadre de ce règlement, un nanomatériau est défini comme un « matériau insoluble ou bio-persistant, fabriqué intentionnellement et se caractérisant par une ou plusieurs dimensions externes, ou une structure interne, sur une échelle de 1 à 100 nm ».

L’ANSM et la DGCCRF sont chargées de la surveillance du marché des produits cosmétiques sur le territoire français. Dans ce cadre, leurs actions concertées de contrôle (enquêtes, inspections et analyses en laboratoire) ont mis en évidence la présence de nanomatériaux non autorisés dans certains produits cosmétiques contrôlés ainsi que l’absence sur l’étiquette de la mention dans la liste d’ingrédients de certains nanomatériaux autorisés (un ingrédient sous forme de nanomatériau doit être mentionné dans la liste des ingrédients par son nom suivi du terme « nano » entre crochets).

Les actions engagées par l’ANSM et la DGCCRF ont d’ores et déjà permis d’obtenir une mise en conformité à la réglementation ou le retrait du marché français de plusieurs produits par les industriels concernés, notamment des dentifrices, des produits de maquillage et des produits solaires.

Les échanges avec les parties prenantes sur la définition d’un nanomatériau ont montré la nécessité de fournir une présentation pédagogique des termes de la définition du règlement « cosmétiques » s’appuyant sur la pratique de contrôle des autorités françaises de surveillance du marché. L’ANSM et la DGCCRF publient donc une note d’information qui reflète l’état actuel de la réglementation  mise en œuvre par les autorités françaises lors de leurs contrôles. Ce document a également vocation à contribuer à une plus grande transparence sur une thématique particulièrement complexe, et à contribuer aux débats en cours au niveau européen. »

L’ensemble de la note d’information est disponible ici : https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/securite/produits_non_alim/Note-dinformation-application-definition-des-nanomateriaux.pdf

Exposition de la population française aux métaux

Santé publique France a publié début juillet des résultats provenant de l’étude ESTEBAN décrivant l’exposition aux métaux de l’échantillon de personnes observées. L’étude ESTEBAN est une étude française menée entre 2016 et 2017 sur un échantillon représentatif de la population générale de 2503 adultes et 1104 enfants âgés de 6 à 74 ans et centrée sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition.

Les prélèvements biologiques des participants ont révélé pour la quasi-totalité une présence de métaux dans l’organisme (97% pour les adultes et 100% pour les enfants). Les métaux concernés sont le cadmium, le nickel, le cuivre, le chrome, le mercure et l’arsenic. Ces substances peuvent être susceptibles de favoriser de développement de cancers, maladies chroniques et/ou auto-immunes. Les niveaux relevés en France pour les adultes et les enfants sont plus élevés par rapport à d’autres pays d’Europe ou d’Amérique du Nord sauf pour le nickel et le cuivre. Par rapport aux chiffres de l’Etude Nationale Nutrition Santé de 2006-2007, on note chez les adultes une augmentation des niveaux mesurés pour l’arsenic, le cadium et le chrome ainsi qu’une stagnation pour les niveaux de mercure et de nickel.

Des sources d’expositions ont pu être identifiées et permettent de confirmer des études et observations antérieures. Parmi ces déterminants, on peut noter la consommation de tabac (cadmium et cuivre), les implants médicaux (chrome), les plombages dentaires (mercure). Concernant l’alimentation, l’étude indique que les concentrations de métaux sont liées avec la consommation de poissons et de fruits de mer (arsenic, chrome, cadmium et mercure), céréales (cadmium), céréales et légumes issus d’agriculture biologique (cuivre).

Afin de réduire l’exposition à ces métaux, Santé publique France préconise d’intensifier la lutte contre le tabagisme et le tabagisme passif. Pour l’alimentation, l’agence recommande de diversifier les sources d’aliments, notamment pour les poissons et les produits de la mer, et se réfère aux conseils du site manger-bouger.fr .

Références : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/exposition-aux-metaux-de-la-population-francaise-resultats-de-l-etude-esteban

Vers la fin de l’additif E171 dans l’Union Européenne ?

L’European Food Safety Assessment (EFSA) a donné un avis défavorable le 6 mai 2021 sur l’utilisation du dioxyde de titane (E171) en tant qu’additif alimentaire. Cet additif, utilisé dans l’industrie agro-alimentaire sous forme de poudre composée de nanoparticules, permet une opacité et fournit une coloration blanche aux produits alimentaires.

L’avis récent de l’EFSA marque une évolution par rapport au dernier avis donné en 2016. L’E171 n’est désormais plus considéré comme « sûr » par l’agence européenne. Cet avis se range avec celui émis par la France qui a suspendu depuis le 1er janvier 2020 pour deux ans l’utilisation de cet additif dans les denrées alimentaires. Cette suspension faisait suite à un avis défavorable de l’Anses en 2019 qui pointait le risque d’effets génotoxiques comme des cassures de l’ADN et des dommages chromosomiques. Des effets promoteurs potentiels de cancérogenèse chez le rat avaient également été mis en évidence par l’INRAE en 2017, sans que ce risque soit confirmé ou infirmé par d’autres études depuis.

Le caractère génotoxique est donc la principale raison pour l’EFSA de préconiser l’abandon de l’E171 en tant qu’additif alimentaire. Le rôle de cet additif étant purement esthétique et sans intérêt que ce soit nutritionnel ou pour la conservation de l’aliment,  les acteurs de l’agro-alimentaire « arriveront très bien à s’en passer » selon le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC). Pour toutes ces raisons, la Commission européenne a proposé le 18 mai 2021 aux Etats membres de l’Union Européenne l’interdiction de l’E171 dans les aliments.

Les associations de consommateurs souhaitent désormais que les instances européennes se penchent également sur l’utilisation du dioxyde de titane comme excipient ou comme colorant dans d’autres produits comme les médicaments, les cosmétiques ou encore le dentifrice.

L’avis de l’European Food Safety Assessment est disponible ici : https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/6585

La dernière actualité de l’Anses sur le dioxyde de titane : https://www.anses.fr/fr/content/dioxyde-de-titane-point-sur-l%E2%80%99actualisation-de-l%E2%80%99%C3%A9valuation-de-l%E2%80%99efsa-pour-l%E2%80%99additif

Et l’étude de l’INRAE de 2017 : https://www.inrae.fr/actualites/additif-alimentaire-E171