Beurre de karité : Peut-on le conseiller aux femmes enceintes et nourrissons ?

Beurre de karité : qu’est-ce que c’est ?

Le beurre de karité est obtenu par extraction des graisses présentent dans la noix de karité. Cette noix est dans le fruit de l’arbre a karité, présent dans 19 pays d’Afrique.

Le beurre de karité est riche en acides gras (triglycérides) : oléique (32 à 62%), stéarique (25 à 50%), linoléique (1 à 11%) et palmique (2 à 10%). Il contient également des esters triterpéniques qui sont des molécules bioactives ainsi que d’autres insaponifiables.

Le beurre de karité est comestible et peut être utilisé en cuisine ou en cosmétique.

Sa dénomination dans une liste d’ingrédients cosmétiques (INCI) est butyrospermum parkii butter.

 

Beurre de karité : quelles propriétés ?

En raison de sa composition en acide gras, le beurre de karité est :

  • un émollient, il lubrifie la surface de la peau et lui donne un aspect doux et brillant,
  • un hydratant occlusif, il retarde l’évaporation de l’eau de la surface de la peau.

Le pourcentage élevé d’insaponifibales (triterpènes, tocophérol, phénols et stérols) lui confère des propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes (effets avérés par preuves in vivo et ex vivo).

 

Brut ou raffiné : quelles différences ?

Le beurre de karité peut être non raffiné. Il s’agit alors d’une matière oléagineuse obtenue de l’amande par des méthodes d’extraction manuelles ou mécaniques. Il est obtenu à travers un processus thermal ou de pression à froid sans altérer la nature de la matière grasse. Il peut être purifié par lavage à l’eau, par décantation, filtrage et centrifugation. Le beurre non raffiné est de couleur jaunâtre à ivoire et dégage une odeur caractéristique qui peut être perçue comme désagréable par certaines personnes.

S’il est chauffé à haute température, le beurre de karité est alors raffiné. Le raffinage permet sa neutralisation (élimination des acides gras susceptibles de s’oxyder), sa désodorisation et sa décoloration (le beurre devient blanc). Le chauffage à haute température détruit une grande partie des molécules bioactives (triterpènes).

 

Beurre de karité : effets indésirables ?

Aucun effet toxique pour le corps humain n’est connu.

Dans de rares cas, certaines personnes peuvent déclencher des réactions allergiques. Il s’agit notamment des personnes qui sont sensibilisées au latex. Par principe de précaution, les personnes ayant une allergie connue au latex, doivent éviter le beurre de karité.

 

Conseils

Le beurre de karité peut servir d’hydratant durant la grossesse ou chez le nourrisson.

  • Vérifier la liste INCI des ingrédients : le moins c’est le mieux,
  • Le choisir si possible labellisé,
  • Bien se laver les mains avant utilisation du fait de sa texture solide.

Sources :

Anti-Inflammatory and Skin Barrier Repair Effects of Topical Application of Some Plant Oils. Lin TK, Zhong L, Santiago JL. 2017

https://cosmeticobs.com/fr/articles/actus-59/karite-un-choix-durable-pour-les-cosmetiques-3168

https://www.fao.org/3/t8320f/T8320F05.htm

https://www.fao.org/3/y5918f/y5918f12.pdf

https://www.fao.org/fao-stories/article/fr/c/1369882/

Dall’Oglio F, Musumeci ML, Puglisi DF, Micali G. A novel treatment of diaper dermatitis in children and adults. J Cosmet Dermatol. 2021 Apr;20 Suppl 1(Suppl 1):1-4. doi: 10.1111/jocd.14091. PMID: 33934478; PMCID: PMC8252753.

Lin TK, Zhong L, Santiago JL. Anti-Inflammatory and Skin Barrier Repair Effects of Topical Application of Some Plant Oils. Int J Mol Sci. 2017 Dec 27;19(1):70. doi: 10.3390/ijms19010070. PMID: 29280987; PMCID: PMC5796020.

Hon KL, Tsang YC, Pong NH, Lee VW, Luk NM, Chow CM, Leung TF. Patient acceptability, efficacy, and skin biophysiology of a cream and cleanser containing lipid complex with shea butter extract versus a ceramide product for eczema. Hong Kong Med J. 2015 Oct;21(5):417-25. doi: 10.12809/hkmj144472. Epub 2015 Aug 28. PMID: 26314567.

Magali Saussey, Pascale Moity Maïzi. Reconnaître les savoir-faire dans un artisanat en Afrique de l’Ouest : le cas du beurre de karité au Burkina Faso. ISDA 2010 Innovation and Sustainable Development in Agriculture and Food, Jun 2010, Montpellier, France. ffhal-02753357f

https://www.jacionline.org/action/showPdf?pii=S0091-6749%2810%2901636-2

 

Mis en ligne avril 2022

Crédit photo : Ji-Elle

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Couches lavables: conseils et précautions d’emploi

Bien que l’utilisation des couches jetables reste très majoritaire, les utilisateurs de couches lavables sont de plus en plus nombreux en France. En effet, certains parents, mais aussi des collectivités (crèches, maternités) ; se tournent vers cette option, notamment dans un souci de réduction des déchets. La controverse sur la qualité des couches jetables peut aussi peser dans ce choix. Ces dernières années, plusieurs études ou enquêtes ont incriminé la qualité des couches jetables et leur composition[1]. L’enquête de la DGGCRF en 2020 a toutefois révélé une amélioration de cette composition et l’absence de dépassement des seuils pour les substances recherchées.[2]

Une couche lavable est constituée de 3 épaisseurs :

  • La culotte de protection assure l’imperméabilité, elle est en général constituée de PUL (polyuréthane laminé) ou de laine (et nécessite alors une imperméabilisation préalable). Elle peut se fermer par scratch ou par pression
  • L’absorbant (également appelée insert, lange…) absorbe les urines. Il en existe de différentes compositions (coton, chanvre, bambou, microfibre…).
  • Le voile de protection qui recueille les selles et permet de les jeter, est constitué de tissé de cellulose (lavable si non souillé par des selles, jetable sinon) ou de tissu tel que la laine (lavable).

Il existe différents modèles de couches et les 2 premières épaisseurs peuvent être cousues ou séparées.

Les couches lavables paraissent une bonne option, respectant la santé du bébé par leur composition plus saine et naturelle, ainsi que la planète. Voici néanmoins quelques points sur lesquels être attentifs pour bien choisir et utiliser les couches lavables.

En ce qui concerne la santé du nourrisson :

  • Afin d’éviter d’éventuels résidus de pesticides ou de traitements chimiques du textile, tournez-vous vers des textiles biologiques ou certifiés Oeko-Tex pour la partie absorbante.
  • Pour limiter l’exposition aux substances problématiques : Évitez l’utilisation d’huiles essentielles, préférez une lessive éco labelisée sans parfum et sans assouplissant.
  • Pour éviter le développement de moisissures et bactéries, stockez les couches sales à sec, laver les parties absorbantes à 60°C, veillez à ce que les couches propres soient bien sèches avant de les ranger, et préférez pour cela un endroit sec et aéré.
  • Enfin, il est important (tout comme pour l’utilisation de couches jetables) d’encourager les changes fréquents afin de réduire le risque d’érythème fessier.

De plus, en ce qui concerne l’impact environnemental : [3]

  • Il est important de laver les couches en machine « pleine », avec le reste du linge de la famille, de respecter les conseils de températures de lavage (60°C pour la partie absorbante et 30 à 40°C pour la partie imperméable) et de laisser sécher les couches à l’air libre (éviter l’utilisation du sèche-linge).
  • Orientez éventuellement vers des couches de seconde main et vers une ré-utilisation pour la fratrie.

[1] Sécurité des couches pour bébé. Avis révisé de l’ANSES. Rapport d’expertise collective. Janvier 2019 https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2017SA0019Ra.pdf

[2] https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/substances-chimiques-dans-les-couches-pour-bebes-la-derniere-enquete-de-la-dgccrf-confirme

[3] Etude technico-économique et environnementale pour la promotion de l’utilisation de changes lavables dans les structures d’accueil de la CUS et du Bas-Rhin, Chantier d’application ECO-Conseil, 2010 http://www.ademe.fr/alsace/projets-DR/pages-infos.html

Mis en ligne février 2022

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Que penser des vêtements anti-UV et comment les choisir ?

La dangerosité des rayons du soleil est bien connue et en particulier concernant les enfants. En effet le mélanome (l’un des cancers de la peau les plus dangereux) résulte d’une exposition trop importante au soleil, notamment dès l’enfance. Il existe une corrélation entre la fréquence et la sévérité des coups de soleil reçus dans l’enfance et le risque de mélanome.

Santé publique France recommande ainsi de :

  • Préférer rester à l’ombre, en particulier entre 12h et 16h en France métropolitaine et 11h et 15h dans les DROM (Départements et Régions d’Outre-Mer) dès que l’indice UV est supérieur à 3.
  • Porter :
    • des vêtements couvrants (tee-shirt ou chemise avec des manches et un bas arrivant en dessous du genou au moins),
    • un chapeau à large rebord,
    • des lunettes de soleil avec filtre anti UV
  • Pour les parties découvertes, ou s’il n’est pas possible de rester à l’ombre, appliquer généreusement de la crème solaire.
  • Ne jamais exposer un bébé de moins de 1 an au soleil.
  • Etre vigilant à l’exposition au soleil pendant la grossesse, qui peut provoquer une hyperpigmentation de la peau (le « masque de grossesse » ou une ligne brune sur le ventre).

Retrouvez le détail de toutes les recommandations sur les liens suivants :

https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/les-risques-de-l-ete-quelques-precautions-a-prendre

https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/proteger-bebe-de-lexposition-au-soleilcautions-a-prendre

 

Dans ce cadre, que penser des vêtements anti-UV ?

Ce sont des vêtements fabriqués dans des textiles qui respectent les normes européennes de protection solaire.

Le caractère anti-UV d’un vêtement résulte de plusieurs facteurs : la construction dense avec un tissage serré du textile, la composition des fils (le polyester est plus efficace que le coton), le poids du tissu (un tissu lourd et épais protège mieux), sa couleur (les couleurs foncées ou vives bloquent mieux les rayons UV) ou encore l’ajout d’un additif pour augmenter son efficacité.

Plusieurs processus existent pour conférer à un textile une protection anti-UV : la conception d’un maillage très serré, l’imprégnation du tissu par un filtre anti-UV ou encore l’ajout de particules de céramiques ou de dioxyde de titane à la fibre textile.

Les vêtements anti-UV doivent répondre à des normes d’efficacité. L’UPF (Ultra Violet Protection Factor) doit être indiqué sur le vêtement, il s’agit du niveau de protection du textile et plus exactement la proportion des UV bloqués.

Par exemple, pour l’UPF 50+ :  le textile bloque au minimum 95 % des UVA et 98 % des UVB  

Plusieurs normes d’efficacité existent. Parmi elles, UV-Standard 801 certifie les qualités anti-UV des produits textiles en conditions d’utilisation intensives « réelles » (produits lavés, humidifiés et étirés). Cette norme semble ainsi être la plus favorable aux utilisateurs.

En effet, plus un tissu est mouillé, distendu ou vieilli, plus sa protection contre les rayons UV sera diminuée.

En conclusion, les mesures classiques de protection du soleil citées plus haut restent les plus importantes à appliquer. Les vêtements anti-UV peuvent être utiles en apportant une protection supplémentaire. Pour cela, vérifiez qu’ils assurent au minimum une protection UPF50 + (dans l’idéal certifié par UV-Standard 801). Privilégiez des vêtements anti-UV dont l’efficacité est garantie grâce à un tissage serré, sans traitement chimique. Le label de qualité Oeko-tex peut être un « plus ».

Il est nécessaire de renouveler régulièrement les vêtements anti-UV car leur efficacité peut diminuer lorsqu’ils sont vieillis ou distendus.

Si vous préférez vous en tenir aux vêtements classiques, tournez-vous vers un vêtement foncé, au tissage serré, en polyester plutôt qu’en coton, et non distendu (plutôt ample). En effet, l’UPF d’un T-shirt blanc en coton est compris entre 4 et 15 alors qu’un T-shirt noir neuf peut atteindre 50.

Dans tous les cas, veillez à ce que les enfants de moins de 1 an ne soient jamais exposés au soleil.

 

Mis à jour en février 2023

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Le liniment pour la toilette du siège, est-ce une bonne idée ?

Dans la pharmacopée, le liniment calcaire est défini comme une préparation composée de 50% d’une solution d’hydroxyde de calcium (eau de chaux) et de 50% d’huile d’olive vierge. La fonction de l’hydroxyde de calcium est d’être un agent neutralisant et celle de l’huile d’olive d’être un adoucissant. Le liniment calcaire est destiné à un usage dermatologique émollient et protecteur.

Produit simple et peu couteux, il a été largement plébiscité ces dernières années, conduisant à des mésusages. On fait donc le point sur ce sujet.

Un produit sans tensioactif

Ce n’est pas un produit détergent car il ne contient pas de tensioactif. S’il est utilisé à la place d’un nettoyant, il peut favoriser la prolifération de levures[1]. Le « nettoyage » réalisé quand on utilise du liniment n’est pas dû au produit mais à l’action mécanique du coton sur les fesses de l’enfant. Il ne peut donc pas se substituer à un nettoyage avec un savon doux.

Cependant, c’est un produit intéressant pour des changes occasionnels, notamment souillé d’urine. En effet, le côté pratique du liniment rend son usage aisé en dehors du domicile. De plus, le pH alcalin de l’eau de chaux va venir neutraliser l’acidité de l’urine et le pouvoir filmogène de l’huile d’olive protégera la peau en l’isolant de l’urine et des selles. Dernier argument, il n’est pas irritant contrairement à bon nombre de lingettes jetables.

Un produit sans rinçage

Applications fréquentes, sur une grande surface de peau et dans une zone humide et sous occlusion, il convient d’être particulièrement vigilant aux cosmétiques appliqués sur le siège de bébé. Or le liniment est un produit sans rinçage. Ainsi son temps de contact avec l’épiderme est plus important qu’un produit rincé, facilitant le passage de ses composants à travers la barrière cutanée. C’est une des raisons pour lesquelles, il est recommandé d’utiliser plutôt de l’eau claire et éventuellement un savon surgras sur cette zone.

En effet, même si initialement le liniment ne se compose que de deux ingrédients, il n’est pas rare de rencontrer des liniments contenant pas moins de 10 ingrédients. De plus, souvent conditionné dans des flacons en plastique, le caractère gras du liniment (50% d’huile d’olive) pourrait favoriser la migration de contaminants du contenant vers le contenu.

Utiliser uniquement sur la zone du siège

Le liniment peut provoquer de l’acné s’il est appliqué sur le visage et des folliculites si on l’utilise sur le corps. En effet, l’huile d’olive qui le compose est comédogène[2].

Utiliser uniquement sur une peau saine

Dès lors que l’enfant présente un érythème fessier, il faut cesser d’y appliquer du liniment. On se contentera alors d’eau clair en prenant soin de bien sécher et de tenter de laisser au maximum les fesses de bébé à l’air.

Une préparation qui se déphase

Le faire soi-même semble a priori une bonne idée pour s’assurer d’une composition correcte. Or le mélange eau de chaux et huile d’olive a tendance à se déphaser naturellement et c’est l’eau de chaux qui se présente alors en premier. Or celle-ci a des propriétés corrosives. Le risque est de provoquer des brûlures cutanées[3]. Il est donc préférable d’opter pour un liniment stabilisé prêt à l’emploi.

Conseils :

  • Privilégier pour la toilette du siège l’eau claire + / – le savon surgras (en cas de selles),
  • Bien sécher les fesses de bébé et changer régulièrement ses couches pour prévenir l’apparition d’érythème fessier,
  • Utiliser le liniment occasionnellement sur le siège, notamment quand il n’y a pas d’accès à l’eau,
  • Choisir un liniment oléo-calcaire prêt à l’emploi, stabilisé, avec une liste courte d’ingrédients et si possible labellisé.

[1] Korsaga-Somé N, Maruani A, Nadal M, Dannepond C, Le Bidre E. Acné et folliculites du nourrisson liées à un mésusage du liniment oléo-calcaire. 2015

[2] Korsaga-Somé N, Maruani A, Nadal M, Dannepond C, Le Bidre E. Acné et folliculites du nourrisson liées à un mésusage du liniment oléo-calcaire. 2015

[3] AFFSAPS  – Bulletin des vigilances n°42 – Décembre 2010

Publié le 03.08.2021

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J’ai lu que le fait de faire cuire les fruits et les légumes enlevait une grande partie des résidus de pesticides. Est-ce vrai ?

Les pesticides sont des substances chimiques dont la terminaison en « cide » indique qu’ils ont pour fonction de tuer des êtres vivants. Ce sont donc des produits toxiques pour leur cible à savoir les champignons pour les fongicides, les insectes pour les insecticides, les herbes pour les herbicides etc… Mais malheureusement ils présentent également un risque toxique pour certains organismes qu’ils ne ciblent pas et notamment pour l’homme comme le montrent de nombreuses études en particulier chez les agriculteurs qui constituent la population la plus exposée.

La cohorte Pelagie a mis en lumière par exemple un accroissement du risque de troubles congénitaux (fentes orales et hypospadias) chez des nouveau-nés de mères travaillant en milieu agricole, horticole, dans les serres ou en médecine vétérinaire (Chevrier C et al ; 2009).

Les mêmes observations ont été faites à Montpellier dans un échantillon de 1442 nouveau-nés issus de familles d’agriculteurs.  Les anomalies concernaient cette fois-ci des hypospadias, des cryptorchidies et des micropénis (Gaspari L et al ; 2011).

Toutes ces observations ont étés constatées chez des femmes exposées aux pesticides de par leur activité professionnelle et donc pour une exposition importante mais qu’en est-il pour une exposition minime chronique par l’alimentation en population générale ?

Très récemment l’EFSA a réalisé deux études visant à évaluer les risques de l’exposition chronique aux résidus de pesticides par l’alimentation, d’une part pour le fonctionnement du système nerveux, et d’autre part pour les fonctions thyroïdiennes.

D’après les résultats de ces études l’EFSA indique que le risque pour le consommateur d’une exposition cumulée par l’alimentation est inférieur au seuil qui requiert une action réglementaire et ce pour tous les groupes de populations couverts (de l’enfant en bas-âge à l’adulte).

Malgré ces derniers résultats très rassurants, au vu de la fragilité de notre public cible et au vu des impacts sanitaires préoccupants que nous avons cités plus haut il semble primordial d’appliquer le principe de précaution et donc de limiter au maximum l’exposition des femmes enceintes et des très jeunes enfants aux résidus de pesticides par la voie alimentaire.

Mais alors comment s’y prendre ?

Tout d’abord et c’est maintenant bien connu du grand public en lavant, frottant et épluchant les fruits et légumes.

Et les modes de cuisson alors ? Ont-ils tous la même efficacité sur les résidus de pesticides ?

Une revue de la littérature belge parue en 2009 concluait que dans la majorité des cas cuire les fruits et légumes réduisait les résidus de pesticides. (Keikhotlhaile BM et al, 2009).

Si l’on regarde les choses d’un peu plus près il semblerait que la diminution des résidus de pesticides soit dépendante de plusieurs paramètres :

–          la localisation physique des résidus de pesticides

–          leurs propriétés physico-chimiques telles que leur solubilité ou leur volatilité

–          leurs caractère hydrophile ou lipophile

–          leurs dégradation thermique.

C’est ainsi par exemple qu’une étude sino-américaine de 2015 (Huan Z et al ;2015) a montré que le blanchiment (le fait de faire cuire à 100 degrés pendant 1 minutes puis à 10 degrés pendant 1 minute) réduisait les résidus de pesticides hydrophiles mais qu’à l’inverse cela pouvait entrainer une concentration des résidus de pesticides lipophiles notamment lorsque l’on utilisait un système de cuisson ouvert.

Une étude Polonaise en 2018 a montré également une concentration des résidus de pesticides lipophiles après ébouillantage dans un système de cuisson ouvert sur les fraises et les cassis. (Jankowska M. et al ; 2018)

En conclusion on peut être rassurant : les résidus de pesticides dans leurs grandes majorités diminuent la plupart du temps lors de la cuisson.

Si l’on souhaite aller plus loin on peut également recommander d’utiliser des systèmes de cuisson fermés lorsque l’on fait mijoter afin d’être certain de ne pas risquer de concentrer certains résidus de pesticides.

Publié le 29.07.2021

Publié dans : FAQ

Je suis enceinte et je souhaite me colorer les cheveux. Est-ce une bonne idée ?

Il existe deux familles de teintures capillaires. La première, la coloration chimique, utilise une base, souvent l’ammoniaque, qui ouvre les écailles du cheveu pour y faire pénétrer les pigments synthétiques. La couleur rentre dans la fibre capillaire et la colore pour longtemps mais en l’abîmant. En revanche, la coloration végétale ne rentre pas dans le cheveu mais l’enveloppe et le gaine. Elle est moins agressive.

La coloration chimique utilise de nombreux ingrédients synthétiques qui peuvent entraîner des irritations du cuir chevelu et des problèmes d’allergies (paraphénylène diamine ou PPD, p-aminophénol, thiazolinones…), des brûlures cutanées ou encore des dérèglements hormonaux dus aux perturbateurs endocriniens (résorcinol) qui entrent dans leurs compositions. Cette technique est à éviter ; d’autant plus pendant la grossesse.

Les colorations végétales étant constituées de poudres de plantes, elles sont plus saines. Leur action est certes temporaire, mais plus douce pour les cheveux. Différentes plantes peuvent être utilisées : le henné (Lawsonia inermis), l’indigo (Indigofera Tinctoria), le brou de noix (Juglans regia), la camomille (Matricaria recutita), la garance (Rubia Tinctorum)… Les extraits végétaux (racines, fleurs, feuilles et parfois écorce) sont séchés puis broyés finement pour obtenir une poudre, que l’on mélangera à de l’eau. Cette pâte est ensuite appliquée consciencieusement sur l’ensemble de la chevelure et nécessite un temps de pause d’environ 1h30-3h00. Le rinçage se fait à l’eau et est suivi d’un shampoing doux. Une couleur au henné s’estompe naturellement en deux à trois mois. Conseil : 48h avant l’application, faites un test d’allergie dans le creux du coude pour vérifier votre tolérance à la teinture végétale choisie.

Mais attention, même avec une coloration végétale il faut être vigilant sur la composition et s’assurer de la « pureté » du produit. Le terme « végétal » n’est pas encadré. Certaines marquent jouent sur la confusion et leurs produits peuvent contenir les substances toxiques mentionnées plus haut. Pour vous aider, recherchez bien sur les emballages la présence des labels officiels : Ecocert, Cosmébio, BDIH…

FOCUS : vous êtes enceinte et travaillez dans un salon de coiffure ? N’hésitez pas à en parler à la médecine du travail car vous pouvez bénéficier de certains aménagements de votre poste. Plus d’infos : https://www.inrs.fr/metiers/commerce-service/coiffure/coiffure-solutions

Publié le 29.07.2021

Publié dans : FAQ

J’ai entendu dire qu’il fallait laver les vêtements neufs avant de les porter, pourquoi ?

Chaque année, un Français achète en moyenne 9 kg de vêtements. Ce chiffre est croissant car les enseignes de « fast fashion » proposent jusqu’à une vingtaine de collections différentes par an selon les marques. Les prix sont attractifs mais la qualité n’est pas au rendez-vous. Les conditions sociales et environnementales de fabrication sont souvent catastrophiques. La mode pour les plus petits n’est pas épargnée.

Cette industrie est l’une des plus polluantes au monde. Coton, lin, fibres alternatives… leurs cultures sont très gourmandes en eau, engrais et pesticides. Le polyester, une sorte de fil plastique, est fabriqué à partir de combustibles fossiles et non biodégradables. Lors du lavage en machine, des microparticules plastiques sont relarguées dans les milieux aquatiques.

Pour colorer les vêtements, plus de 1 900 produits chimiques sont utilisés par l’industrie de la mode (filature, tissage, teinture, brillance…) dont 165 classés par l’Union européenne comme dangereux pour la santé ou l’environnement. Dans les pays en développement où sont fabriqués bon nombre des vêtements occidentaux, la législation est souvent mal appliquée ou absente et les eaux usées sont rejetées sans filtre vers les cours d’eau naturels.

Parfois les industriels incorporent dans les tissus des traitement spécifiques pour leur conférer des propriétés anti-bactériennes, anti-odeurs, infroissables… Il s’agit de substances problématiques comme par exemple des nanoparticules d’argent ou des perfluorés.

Comble de tout cela, plus de 30 % de nos vêtements ne sont pas portés depuis au moins un an. Quand on s’en débarrasse plus de la moitié ne sont pas recyclés et finissent en déchets.

Voici quelques conseils pour faire attention à sa santé et à la planète :
– Se questionner avant d’acheter : simple envie ou réel besoin ?
Impératif : toujours laver les vêtements neufs avant de les porter ;
– Évitez les motifs et imprimés en plastique : ils peuvent contenir des phtalates ;
– Faites attention aux allégations anti-bactériennes, anti-odeurs, infroissables ;
– Pour les plus petits privilégiez le coton, bio de préférence ;
– Pensez aux vêtements d’occasion car les substances néfastes seront beaucoup moins présentes que dans des habits neufs.
– Recherchez certains labels, notamment pour les habits en contact direct avec la peau (bodys, sous-vêtements, collants…) : comme Oeko-Tex®, Nordic Ecolabel®, ou encore Ecolabel Européen.

Mis en ligne le 29.07.2021

Publié dans : FAQ

J’entends de plus en plus parler de bioplastique, mais qu’est-ce que c’est ? Sont-ils issus de l’agriculture biologique ?

Définition :

Terme généralement utilisé pour désigner deux types de plastiques. Les plastiques biosourcés et les plastiques biodégradables. Certains bioplastiques combinent les deux propriétés. (https://www.bioplasticseurope.eu)

  • Plastique biosourcé : Matériel ou produit, entièrement ou partiellement dérivé de la biomasse. La biomasse est de la matière organique issue de la biologie. Cela peut être des plantes, arbres, algues, des organismes marins, des micro-organismes, des animaux, etc. Le plastique biosourcé peut aussi être dérivé de déchets organiques. Ils ne sont pas forcément biodégradables.
  • Plastique biodégradable : Cela signifie qu’il peut se transformer en substance naturelle, telles qu’en eau, en CO2 sous l’action d’organismes vivants. Dans la plupart des cas la dégradation se fait par des micro-organismes. La biodégradation dépend fortement de la condition, pour ces micro-organismes, du sol et de l’eau et de la structure moléculaire du plastique.
  • Bioplastique ne veut pas dire qu’il est issu de l’agriculture biologique.

Pour quel usage les bioplastiques sont-ils utilisés ?

Le packaging (emballages, sachets, etc.) ; l’agriculture et l’horticulture ; les produits ménagers ; les jouets ; les applications médicales ; les appareils électroniques ; l’automobile, …

Le bioplastique ne représente qu’un pourcent des 359 millions de tonnes de plastique produites chaque année.

En conclusion :

Les bioplastiques sont une technologie en cours de développement, peu répandus pour le moment, dont l’effet sur la santé n’est pas étudié. Ils ne sont pas issus de l’agriculture biologique. Ils sont développés à des fins écologiques.

 

Publié le 12/03/2021

Publié dans : FAQ

Peut-on utiliser des cosmétiques contenant des huiles essentielles pendant la grossesse ou chez le nourrisson ?

Les huiles essentielles peuvent rentrer dans la composition de nos produits cosmétiques. Or, ces dernières sont contre-indiquées pendant la grossesse et chez l’enfant jusqu’à l’âge de 3 ans minimum. En effet, certaines huiles essentielles sont connues pour leur caractère neurotoxique, abortif, hépatotoxique ou encore hormone-like.

Les huiles essentielles sont utilisées en cosmétique pour 2 usages principaux :

  • Parfums
  • Substance conservatrice et antioxydante, purifiante, apaisante…

La réglementation sur les huiles essentielles se fait par type d’usage, ce qui peut entraîner parfois des contradictions entre les différentes réglementations (par exemple, l’huile essentielle de thym est classée comme « corrosive » dans le CLP – réglementation des produits chimiques – mais autorisée dans la réglementation cosmétique).

La réglementation cosmétiques n’impose pas de doses maximum pour l’utilisation des huiles essentielles dans les cosmétiques, cependant elle s’appuie sur la bibliographique scientifique et en toxicologie qui étudient l’utilisation d’huiles essentielles pures (et non diluées comme elles peuvent l’être dans les cosmétiques).

Bien qu’il n’y ait pas d’interdiction absolue de telle ou telles huiles essentielles, le fabriquant doit respecter certaines règles :

  • L’interdiction ou la restriction de substances jugées problématiques (pouvant être présentes dans certaines huiles essentielles)
  • Étiqueter les allergènes sur la liste INCI

En effet, les fabricants n’ont pas l’obligation de faire apparaître le nom de l’huile essentielle ou de la substance entrant dans la composition du parfum. Le fabricant doit juste faire mention sur la liste INCI du terme « Parfums » ou « Aroma » ainsi que des allergènes associés. Par contre, si l’huile essentielle est utilisée pour une autre fonction, elle doit être mentionnée sur l’étiquetage.

En parallèle, l’ANSM donne des recommandations sur l’utilisation de certaines substances chimiques. Par exemple : le camphre ou l’eucalyptol/menthol sont interdits dans les cosmétiques destinés aux enfants de moins de 3 ans.

Concernant le passage trans-cutané des huiles essentielles, cela dépend de plusieurs facteurs :

  • L’utilisation pure ou diluée
  • L’épaisseur du derme
  • Les caractéristiques physico-chimiques des molécules
  • Le poids moléculaire des substances aromatiques : plus ce poids est faible, plus la pénétration est importante
  • La température
  • La circulation cutanée : la vasodilatation augmente la pénétration
  • Une peau lésée
  • L’hydratation de la peau
  • L’âge : les jeunes enfants, les personnes âgées vont avoir une meilleure pénétration trans-cutanée

De manière générale, les études qui se sont penchées sur l’absorption des composés aromatiques par voie cutanée montrent qu’elle dépasse rarement 10% de la dose administrée. Or, les huiles essentielles étant relativement chères pour les fabricants de produits cosmétiques, on peut penser que la concentration utilisée dans le produit reste assez minime.

Les toxicités cutanées constatées sont essentiellement irritatives, allergiques ou liées à une exposition au soleil suite à l’utilisation de produits contenant des huiles essentielles.  Les atteintes des organes liées à l’exposition à une ou plusieurs huiles essentielles sont assez rares et sont liées à des cas d’empoisonnement accidentel aux huiles essentielles  en milieu domestique (utilisation d’huiles essentielles pures, sur une longue période, non-respect des posologie et du dosage).

Pour conclure :

  • On peut être assez rassurant sur l’utilisation de produits cosmétiques contenant des huiles essentielles chez la femme enceinte, allaitante et chez le nourrisson. Pour autant, il semble nécessaire de rappeler qu’il n’est pas conseillé de faire ses propres produits cosmétiques avec des huiles essentielles ou d’utiliser des huiles essentielles pures durant cette période, à moins d’être accompagné par un professionnel de santé formé en aromathérapie.
  • On peut orienter les femmes enceintes et les jeunes parents vers des produits peu parfumés voir formulés sans parfum afin de réduire le risque d’allergies. L’allégation « sans parfum » engage le fabricant à ce qu’il n’y ait aucune substance parfumante présente dans le produit fini, quelle que soit l’utilisation de cette substance.

Mise en ligne en août 2020

Publié dans : FAQ

Tabagisme Ultra-Passif: Respirer c’est déjà fumer

S’il est bien connu que respirer la fumée de cigarette c’est être soumis à un tabagisme passif, moins d’un tiers de la population est consciente que même en absence de fumée et de fumeur, nul n’est à l’abri du tabac1. En effet, la fumée du tabac, et les milliers de substances qui la composent, vont se déposer et s’accumuler sur les tissus et autres supports dans les maisons, les voitures, les vêtements, sur la peau, les cheveux et encore bien d’autres substrats. Ces différents supports deviennent alors de véritables réserves, capable de réémettre ces substances même après deux mois sans exposition à une nouvelle fumée de tabac2. Tabagisme ultrapassif, ou thirdhand smoking (THS) en anglais, est le nom donné à cette exposition bien involontaire. Parmi les substances réémises par le THS, on recense principalement de la nicotine, des produits d’oxydation de la nicotine comme la mysosmine et la cotinine ou encore des produits de la réaction de la nicotine avec les acides nitreux de l’environnement : les nitrosamines3. Ces dernières, dont certaines comme la NNA (4-(Methylnitrosamino)-4-(3-pyridyl)butanal) sont véritablement spécifiques du THS, montrent en laboratoire une génotoxicité et des effets cancérogènes avérés4,5.

Cependant, si la toxicité de ces substances est déjà préoccupante, leur ubiquité dans l’environnement l’est encore davantage. Ainsi, des études menées en 20166 et 20197 à Houston au Texas révèlent la présence de nicotine liée au THS au cœur même des lieux où elle devrait être strictement absente : les unités de soin intensif  de néonatologie; sur les dispositifs médicaux et dans les urines des bébés traités. La famille de ces nouveaux nés ainsi que le personnel médical étaient incriminés par ces études.

Une prise de conscience générale sur cette omniprésence du THS devient donc indispensable.

  • L’application de règle anti-tabac chez soi comme dans sa voiture serait une première étape pour sa diminution.
  • Un lavage systématique de ses mains après avoir fumé, bien qu’insuffisant pour en retirer l’ensemble des résidus de tabac, serait aussi une routine à assimiler.
  • Enfin, pour les jeunes parents, l’utilisation d’un vêtement dédié à la cigarette, gardé scrupuleusement à l’extérieur de la maison, pourrait aussi diminuer les risques liés au THS pour leur nourrisson.

Le THS est une problématique d’ordre public et sans frontière, sensibiliser un maximum de personnes de son entourage sur ses effets et son ubiquité reste donc le meilleur conseil sur lequel insister à ce jour.

Mise en ligne en avril 2020

1DÍEZ-IZQUIERDO, Ana, CASSANELLO, Pia, CARTANYÀ, Aurea, et al. Knowledge and attitudes toward thirdhand smoke among parents with children under 3 years in Spain. Pediatric research, 2018, vol. 84, no 5, p. 645.

2MATT, Georg E., QUINTANA, Penelope JE, ZAKARIAN, Joy M., et al. When smokers move out and non-smokers move in: residential thirdhand smoke pollution and exposure. Tobacco control, 2011, vol. 20, no 1, p. e1-e1.

3MATT, Georg E., QUINTANA, Penelope JE, DESTAILLATS, Hugo, et al. Thirdhand tobacco smoke: emerging evidence and arguments for a multidisciplinary research agenda. Environmental health perspectives, 2011, vol. 119, no 9, p. 1218-1226.4

4HANG, Bo, SARKER, Altaf H., HAVEL, Christopher, et al. Thirdhand smoke causes DNA damage in human cells. Mutagenesis, 2013, vol. 28, no 4, p. 381-391.

5CHEN, Yuxin, ADHAMI, Neema, et MARTINS-GREEN, Manuela. Biological markers of harm can be detected in mice exposed for two months to low doses of Third Hand Smoke under conditions that mimic human exposure. Food and chemical toxicology, 2018, vol. 122, p. 95-103.

6NORTHRUP, Thomas F., KHAN, Amir M., JACOB, Peyton, et al. Thirdhand smoke contamination in hospital settings: assessing exposure risk for vulnerable paediatric patients. Tobacco control, 2016, vol. 25, no 6, p. 619-623.

7NORTHRUP, Thomas F., STOTTS, Angela L., SUCHTING, Robert, et al. Medical staff contributions to thirdhand smoke contamination in a neonatal intensive care unit. Tobacco Induced Diseases, 2019, vol. 17.

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