Nitrates et nitrites, que nous apprend le récent rapport de l’ANSES ?

Depuis plusieurs années, les nitrates et les nitrites sont sujets à de nombreuses controverses quant à leurs impacts sanitaires, et notamment concernant leur présence en tant qu’additif dans certains produits carnés tel que la charcuterie.

L’ANSES a très récemment publié un rapport d’expertise collective à ce sujet, faisons donc le point sur ses différentes conclusions.

  • Apports et DJA

 

Les nitrates et les nitrites sont des formes de l’azote.

Ils sont naturellement présents dans notre environnement, mais cette présence peut être renforcée par certaines activités humaines, telle que l’utilisation excessive d’engrais de synthèse.

Les nitrates font naturellement partie de notre alimentation. Actuellement, pour une majeure partie de la population, les apports en nitrates se répartissent ainsi :

  • 62 à 69% par les végétaux (notamment les légumes feuilles, riches en nitrates)
  • 20 à 25% par l’eau de boisson
  • < 5% par la charcuterie (dans laquelle les nitrates sont présents en tant qu’additif)

Concernant les nitrites, ils sont majoritairement présents dans notre alimentation en tant qu’additifs dans la charcuterie, responsable de 41 à 63% de nos apports.

Une DJA (Dose Journalière Admissible = quantité de substance pouvant être ingérée quotidiennement toute la vie sans effet sanitaire) fixée par l’EFSA existe pour chacune de ces molécules. Ces DJA ont été jugées pertinentes par l’ANSES. En France, toutes sources d’expositions confondues, 99% de la population ne dépasse pas la DJA, que ce soit pour les nitrates ou les nitrites.

  • Mécanismes de transformation et toxicité

Lors d’un apport en nitrates par voie orale, la majorité des nitrates ingérés (75%) est éliminé par voie urinaire, le reste est excrété dans la salive. Une très faible partie de ces nitrates salivaires peut être réduite en nitrites, qui sont eux-mêmes très instables et peuvent entrainer la formation d’autres composés, dont des composés nitrosés.

Ces dérivés présentent une toxicité, et notamment une cancérogénicité, ainsi les nitrates et nitrites ingérés dans des conditions où ils peuvent entrainer la formation de composés endogènes nitrosés ont été classés 2A (cancérogène probable) par le Centre International de Recherche sur le Cancer en 2010.

Après analyse de la littérature, le groupe de travail de l’ANSES a conclu à :

  • L’existence d’une association positive entre l’expositions aux nitrates via l’eau de boisson et le risque de cancer colorectal
  • L’existence d’une association positive entre l’exposition aux nitrates et/ou aux nitrites via la viande transformée et le risque de cancer colorectal

 

On peut noter que concernant la quantité de nitrates dans l’eau du robinet, une limite de qualité est fixée en France à 50mg/L et qu’une très grande majorité de la population reçoit une eau respectant cette limite.

  • Principales conclusions et recommandations de l’ANSES

 

  • Limiter l’apport en nitrates et nitrites via l’eau et les aliments notamment en limitant les quantités d’additifs nitrés ajoutés dans les produits carnés traités
  • Limiter la charcuterie à 150g/semaine (permet de ne pas dépasser la DJA des nitrites)
  • Réévaluer la pertinence de la valeur dérogatoire maximale utilisée en gestion pour les nitrates dans les eaux destinées à la consommation humaine (100mg/L)
  • Diversifier la consommation de légumes dans le régime alimentaire total. Diverses denrées d’origine végétale peuvent présenter des concentrations élevées en nitrates. Cependant, du fait de leur richesse en fibres, vitamines et minéraux, les légumes assurent une protection à l’encontre de diverses maladies, dont le cancer.

Retrouvez le rapport de l’ANSES en suivant ce lien : https://www.anses.fr/fr/content/r%C3%A9duire-l%E2%80%99exposition-aux-nitrites-et-aux-nitrates-dans-l%E2%80%99alimentation

1ère journée régionale Prévention du RésoPédia

 

Le RésoPédia (Réseau santé de l’enfant en Pays de la Loire ) propose le 30 septembre 2022 à Angers une journée de prévention sur le thème : Agir ensemble pour la santé des enfants – des 1000 1ers jours aux 6 ans.

Cette première journée pluriprofessionnelle, organisée en partenariat avec l’IREPS Pays de la Loire, s’adresse aux professionnels de santé et du médico-social.

Le programme s’articule autour de 2 concepts clés pour agir favorablement sur la santé :

  • La période des 1000 1ers jours, élargie jusqu’aux 6 ans de l’enfant
  • Les compétences psycho-sociales

 

Retrouvez l’affiche de la journée, ainsi que le lien d’inscription, en cliquant ici : https://www.reso-pedia.fr/wp-content/uploads/2022/06/Affiche-Journee-Prevention.pdf

L’émail dentaire comme un reflet précoce des expositions environnementales ?

Trouver des marqueurs d’exposition aux substances toxiques présentes dans l’environnement est un enjeu de taille pour la recherche.

Un récent communiqué de presse de l’INSERM nous apprend que l’émail dentaire pourrait en être un. En effet, l’analyse de l’émail permet une évaluation rétrospective des conditions environnementales soit :

  • En identifiant la présence de polluants piégés dans le minéral
  • En distinguant les défauts de l’émail liés à des altérations de l’activité cellulaire survenues au cours de sa formation.

Ainsi, l’exposition à des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A a déjà été associée à des pathologies de l’émail.

Récemment, les effets du DEHP (molécule appartenant à la famille des phtalates, omniprésente dans notre environnement, malgré le fait que certains de ces usages doivent désormais faire l’objet d’une autorisation) ont été étudiés par une équipe de chercheurs.

Des doses de DEHP, équivalentes à celle d’une exposition environnementale, ont été administrées à des souris.

Il apparait que le DEHP a perturbé le développement de l’émail chez les souris (défauts repérés sur les incisives des rongeurs, dents toujours en croissance et étant donc le modèle expérimental idéal pour étudier les impacts sur une dentition en développement), en agissant directement sur les cellules dentaires, avec une prévalence et une gravité plus élevées chez les mâles que chez les femelles.

Ces données expérimentales devront être consolidées mais suggèrent que le DEHP, comme le bisphénol A, pourrait également contribuer aux pathologies hypominéralisantes de l’émail.

L’émail dentaire pourrait donc être le reflet très précoce des conditions environnementales des individus pendant la période périnatale et les premières années de vie.

 

Retrouvez le communiqué de presse de l’INSERM complet en suivant ce lien : https://presse.inserm.fr/meme-a-faibles-doses-lexposition-au-perturbateur-endocrinien-dehp-altere-le-developpement-des-dents/45471/

Webinaire : prévenir les expositions aux polluants environnementaux pendant la période périnatale

L’ARS Auvergne-Rhône-Alpesla Mutualité française Auvergne-Rhône-Alpes, l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (APPA) et les réseaux de périnatalité de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ont le plaisir de vous proposer un webinaire: Prévenir les expositions aux polluants environnementaux pendant la période périnatale

Connaissez-vous l’importance des 1000 premiers jours sur la construction du microbiote ?

Un microbiote c’est l’ensemble des micro-organismes : bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes qui vivent en symbiose dans le corps humain.
Dans l’organisme, il existe différents microbiotes : au niveau de la peau, de la bouche, du vagin, des poumons… Le microbiote intestinal est le plus important du corps humain.
Il est crucial dans la physiologie humaine : il permet la digestion mais aussi la synthèse de bonnes molécules pour la santé.
Il joue un rôle très important dans la santé à venir de l’enfant.

Plusieurs facteurs peuvent influencer le développement du microbiote : le terme de naissance, ainsi que la voie d’accouchement par exemples. L’allaitement maternel joue également un rôle important dans la construction d’un « bon » microbiote chez le nourrisson : il permettra d’apporter de bonnes bactéries et a un effet prébiotique.

Un déséquilibre du microbiote (dysbiose) peut entrainer des maladies dysimmunitaires, allergiques, métaboliques….

La nutrition durant les 1000 jours est très importante pour apporter les bactéries essentielles à sa construction.

Afin de favoriser la construction d’un bon microbiote :
– Pour la maman, il est conseillé de s’alimenter de façon équilibrée durant la grossesse et l’allaitement, ainsi que de limiter son exposition aux produits de désinfection.
– Pour l’enfant, il est conseillé de privilégier une alimentation équilibrée, de favoriser le contact avec son environnement (animaux, nature) et de limiter son exposition aux produits de désinfection.

Si vous souhaitez en savoir plus: cliquez ici

Mis en ligne juin 2022

Publié dans : FAQ

Soirée FEES : Réduire l’exposition aux polluants de nos patientes et de leurs enfants.

Dans le cadre du projet FEES, l’URPS Sages-femmes Hauts-de-France propose aux professionnel·le·s une soirée de sensibilisation intitulée « réduire l’exposition aux polluants de nos patientes et de leurs enfants ». Animé par l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (APPA) et la Mutualité Française Hauts-de-France, cet événement a pour objectif de faire connaitre aux sage-femmes libérales les conseils clés à transmettre à leurs patientes sur l’air intérieur, l’alimentation et les cosmétiques.

Lien d’inscription : Inscrivez-vous ici

Édulcorants : une nouvelle étude sur le risque de cancer lié à leur consommation.

 

Une étude de cohorte (population issue de la cohorte française nutrinet) a très récemment rendu ses conclusions concernant le lien entre la consommation d’édulcorants et le risque de cancer.

Pour rappel, d’autres études se sont déjà intéressées à ce lien, et notamment concernant la consommation de boissons contenant des édulcorants, sans parvenir à l’établir.  Dans son avis de janvier 2015, l’ANSES avait conclu  que  les données ne permettent pas d’établir un lien entre développement d’un cancer et consommation d’édulcorants.

Dans cette nouvelle étude, tous les produits contenants des édulcorants ont été pris en compte, grâce à des questionnaires complétés par les participants.

Les édulcorants les + consommés dans la population étudiée sont : l’aspartame (58%), l’acesulfame K (29%) et le sucralose dans une moindre mesure (10%). Ils appartiennent tous les 3 à la catégorie des édulcorants intenses.

Les résultats révèlent une association suggérée entre un apport élevé d’édulcorants et le risque global de cancer, ainsi que du risque de cancers liés à l’obésité (c’est-à-dire tous les cancers pour lesquels l’obésité joue un rôle dans l’étiologie).

Les caractéristiques de la population étudiée (78,5% de femmes, moyenne d’âge de 42,2 ans), ne permettent pas de généraliser ces résultats à la population générale, mais ils invitent tout de même à la prudence face à ces additifs ; d’autant plus que leur bénéfice nutritionnel n’est pas prouvé. En effet l’Anses, suite à son travail d’expertise sur le sujet en 2015, concluait qu’aucun bénéfice de la consommation d’édulcorants intenses sur le contrôle du poids, la glycémie chez les sujets diabétiques ou l’incidence du diabète de type 2 n’avait pu être montré.

 

Retrouvez l’étude de la cohorte Nutrinet complète en cliquant sur ce lien : https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003950

L’avis de l’Anses de 2015 concernant les édulcorants intenses est accessible en suivant ce lien : https://www.anses.fr/fr/content/les-%C3%A9dulcorants-intenses

 

Phytoœstrogènes : où les trouve-t-on et faut-il s’en méfier ?

Les phytoœstrogènes sont des substances présentes naturellement dans les plantes (ou issues du métabolisme dans l’organisme d’un précurseur végétal), ayant une analogie structurale plus ou moins grande avec l’oestradiol et pouvant donc se lier aux récepteurs des œstrogènes. Elles sont ainsi définies par leur capacité in vivo à induire des effets comparables à ceux des œstrogènes animaux.

Ces molécules font partie de la famille chimique des composés phénoliques et peuvent appartenir à différentes classes : isoflavonoïdes, coumestanes, flavonoïdes, stilbènes, lignanes ou entérolignanes.

Nous pouvons être exposés à certaines de ces molécules par notre alimentation :

  • Les plantes contenant des isoflavones font le plus souvent partie de la famille des fabacées (légumineuses). On trouve notamment des isoflavones (génistéïne, daïzdéine) en grande quantité dans le soja.
  • On peut trouver des lignanes dans de nombreux fruits, légumes, thé, café…
  • Les coumestanes quant à elle, peuvent se trouver dans la partie aérienne de certaines plantes comme la luzerne et le trèfle, ne faisant pas directement partie de notre alimentation humaine mais que l’on peut retrouver dans des compléments alimentaires.

Dans les conditions de consommation classique (notamment concernant le soja très consommé parmi les populations asiatiques), les phytoœstrogènes ne sont pas décrits comme toxiques et bénéficient d’une réputation de sécurité liée à l’historique de leur consommation.

Cependant, la possibilité d’une extension de leur apport dans certaines populations (végétariens occidentaux, consommateurs de compléments alimentaires) à des doses pouvant être élevées et sous forme éventuellement différente, soulève la question de leur innocuité.

Un seuil limite de sécurité dans les apports alimentaires pour la population adulte a été fixé à 1mg/kg/jour, mais ce seuil ayant été établi sur des données anciennes, le HCSP recommande la mise à jour par l’Anses du rapport de l’AFSSA (Agence française de
sécurité sanitaire des aliments) portant sur les risques associés à ces substances, en
particulier pour les femmes enceintes et allaitantes.

Du fait de l’incertitude importante liée à leurs effets potentiels sur la croissance et le développement fœtal, et de leur interaction avec le métabolisme des hormones thyroïdiennes, il est actuellement déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes de consommer des phytoœstrogènes, et donc d’éviter notamment tous les aliments à base de soja (tofu, tonuy, desserts à base de soja) ainsi que les compléments alimentaires contenant des phytoœstrogènes (c’est-à-dire ceux contenant notamment de la luzerne et du trèfle).

 

Sources:

– Avis relatif à la révision des repères alimentaires pour les femmes enceintes et allaitantes. HCSP. 18 janvier 2022.

https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20220118_rvisdesrepralimpourlesfemmenceet.pdf

– Sécurité et bénéfices des phytoœstrogènes apportés par l’alimentation- Recommandations. Affsa. Mars 2005. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT-Ra-Phytoestrogenes.pdf 

 

Mis en ligne juin 2022

Photo: Ella Olsson (pexels)

Publié dans : FAQ

Composés perfluorés : des traces de PFOA toujours retrouvées dans des poêles, et de nouvelles donnés sur leur impact sanitaire.

60 millions de consommateurs a publié en mars dernier un article concernant les poêles anti adhésives (l’article complet est consultables en suivant ce lien : https://www.60millions-mag.com/2022/03/24/poeles-antiadhesives-nous-voulons-une-vraie-transparence-19857).
9 modèles de poêles différents ont ainsi été testés. Les auteurs ont recherché la migration de PFOA, ainsi que d’autres composés perfluorés, dans les aliments.
Le test révèle que sur 9 modèles, 3 poêles sont à l’origine de migration de PFOA vers les aliments cuisinés. Etant donné les très faibles teneurs, le PFOA n’a probablement pas été utilisé dans la fabrication de ces poêles mais introduit de façon accidentelle lors de leur conception, de leur conditionnement ou du transport.
En effet, depuis 2020, le PFOA est interdit d’utilisation dans la fabrication des articles de consommation courante en union européenne, à cause notamment, de ces propriétés suspectées de perturbateur endocrinien. De nombreux fabricants vantent ainsi la composition « sans PFOA » de leurs ustensiles de cuisine.
Néanmoins, sous couvert de secret industriel, les molécules utilisées en remplacement ne sont pas toujours indiquées; alors que certaines d’entre elles (comme d’autres composés perfluorés et le GenX) sont également suspectés d’effets délétères sur la santé.
Ainsi dans le test de 60 millions de consommateurs, 3 autres composés perfluorés ont été retrouvés dans les aliments, ainsi que de l’aluminium pour l’une des poêles.
Les auteurs de l’article concluent donc en demandant une meilleure information sur la composition de ces ustensiles de cuisine avec un étiquetage réglementaire, ainsi que l’interdiction de l’allégation « sans PFOA ».

De plus, dans un récent article de l’Inserm, on apprend que de nouvelles données suggèrent une association entre l’exposition prénatale aux composés perfluorés et une fonction respiratoire diminuée chez l’enfant.
Il en va de même pour l’exposition postnatale à l’éthyl-parabène et à des métabolites des phtalates.
Ces résultats viennent d’un projet européen, nommé HELIX, pour lequel des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Grenoble Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone ont mesuré un très grand nombre de facteurs environnementaux auxquels sont exposés les enfants, y compris à travers l’exposition maternelle pendant la grossesse.
Le projet a pour but de mettre en lien ces expositions avec la santé d’enfants âgés de 6 à 12 ans, notamment la fonction respiratoire.
Pour lire l’article de l’Inserm, cliquez sur ce lien : https://presse.inserm.fr/expositions-environnementales-precoces-et-sante-respiratoire-de-lenfant-lexposome-devoile-ses-premiers-resultats/33582/ .

Photo: Marta Dzedyshko (pexels)

Webinaires de sensibilisation à la santé environnementale en périnatalité

Le groupe de travail « santé environnementale en périnatalité » du RSPP est heureux de vous présenter sa programmation de webinaires de sensibilisation 2022-2024, destinés aux professionnels (santé, médico-social...).

Le premier webinaire est prévu le Mardi 21 juin 2022, de 19h30 à 21h30 en Visio, avec l'intervention du Professeur Laurent STORME.

Programme, informations et inscriptions :