Nous achetons des fleurs et bouquets pour de nombreuses occasions ou pour nous faire plaisir.
Une culture intensive des fleurs, nécessitant l’utilisation d’un large éventail de pesticides pour la production et la commercialisation, s’est mise en place pour répondre à cette demande.
L’importation de fleurs coupées est règlementée au niveau de l’Union Européenne (règlement CEE n°316/68 du Conseil, du 12 mars 1968). Cette réglementation vise notamment à empêcher l’introduction de certains ravageurs ou maladies, ce qui implique l’utilisation de nombreux pesticides.
Or, une grande majorité des fleurs vendues en France proviennent de l’étranger, parmi laquelles de nombreuses fleurs sont produites hors de l’Union Européenne, avec une utilisation potentielle de pesticides interdits ou inconnus en UE.
A savoir qu’il n’existe pas de limites maximales de résidus (LMR) de pesticides pour les fleurs coupées, contrairement à celles pour la consommation (ex. fleurs destinées aux infusions).
Quelques études ont observé la présence de résidus de pesticides sur des bouquets de fleurs.
Une étude a détecté plus d’une centaine de substances actives de pesticides, avec une moyenne de 10 substances par bouquet. Les fleurs identifiées comme les plus polluées étaient les roses (avec 14 substances actives détectées en moyenne).
En comparaison à des fleurs en pot, une étude récente a observé la présence deux fois plus importantes de substances actives sur les fleurs coupées.
Or, cette présence de résidus de pesticides sur les fleurs est peu connue des professionnels et des consommateurs, bien que les uns comme les autres puissent y être exposés.
Les principales voies d’exposition sont la voie cutanée (lors de la manipulation des fleurs) ; et la voie d’inhalation (certains pesticides sont volatils). De manière secondaire, il est possible d’être exposé par ingestion, par exemple, lors de transfert main-bouche.
Ces pesticides sont suspectés d’entrainer divers impacts sur la santé. Cela a pu être observé dans des études portant sur les expositions professionnelles quotidiennes aux pesticides, notamment lors de la production de fleurs et en agriculture. Parmi les effets observés on peut citer : des allergies de contact, des effets cutanés, des pathologies neurologiques, l’augmentation de certains types de cancers, des effets hémato-toxiques, des effets perturbateurs endocriniens, ou encore des problèmes hormonaux et reproductifs.
Le sujet paraissant encore peu connu du grand public, il semble intéressant de diffuser l’information sur cette présence potentiellement importante de pesticides sur les fleurs et bouquets.
Et, par mesure de précaution, pour limiter l’exposition aux pesticides via les fleurs coupées, on conseillera de :
- Se renseigner sur la provenance des fleurs et bouquets (attention : les fleurs importées peuvent transiter par un pays revendeur qui n’est pas forcément le pays producteur),
- Privilégier les fleurs produites en France, ou au moins en UE (cela permet de limiter l’exposition à des pesticides interdits ou inconnus en UE),
- Se diriger vers des fleurs labellisées, comme : le label fleurs de France, le label plante bleue, le label rouge (pour les rosiers, les géraniums, les sapins de noël et les arbres fruitiers). Vous pouvez trouver le détail de ces labels sur le site : https://agriculture.gouv.fr/fleurs-plantes-arbres-quels-sont-les-labels-de-qualite
- Se diriger vers des fleurs locales : il existe des collectifs répertoriant les professionnels qui vendent des fleurs locales (comme le collectif fleurs françaises),
- Privilégier les fleurs en pot plutôt que les fleurs coupées (car elles pourraient contenir moins de résidus de pesticides selon une étude),
- Se laver les mains après avoir manipulé des fleurs,
- Aérer son logement 2 fois par jour pendant 10 min.
Pour les professionnels susceptibles d’être exposés à des résidus de pesticides comme, par exemple, les fleuristes, il est important qu’ils se rapprochent d’un professionnel de santé ou de la médecine du travail dès un éventuel projet de grossesse ; et qu’un suivi médical régulier soit mis en place.
Sur le lieu de travail, on conseillera notamment de :
- porter des gants et se laver les mains régulièrement,
- aérer et nettoyer quotidiennement.
NB : en janvier 2025, il a été rapporté que l’Anses va mener des travaux afin d’analyser les risques pour les travailleurs du secteur des fleurs coupées, en lien avec les expositions aux produits phytopharmaceutiques et leurs résidus.
Sources:
https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/61423/document/BIL-HOR%20Saint%20Valentin%202019.pdf?version=2
https://union-fleuristes.fr/fileadmin/unf/livre_blanc/livre_blanc_tracabilite_de_la_fleur_coupee.pdf
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A31968R0316
Toumi K et al. Pesticide Residues on Three Cut Flower Species and Potential Exposure of Florists in Belgium. 2016
Chwoyka C et al. Ornamental plants as vectors of pesticide exposure and potential threat to biodiversity and human health. 2024
https://agriculture.gouv.fr/fleurs-plantes-arbres-quels-sont-les-labels-de-qualite
https://www.actu-environnement.com/ae/news/pesticides-anses-exposition-fleurs-fleuristes-45442.php
https://www.asef-asso.fr/actualite/des-fleurs-plus-toxiques-que-ce-que-nous-croyons/#_ftn2
https://www.collectifdelafleurfrancaise.com/
https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/
Publié en mars 2025