Exposition au bisphénol A et asthme infantile

Dans les modèles animaux, le bisphénol A (BPA) est responsable d’induction d’inflammation bronchique et asthme. L’étude a eu pour objectif de savoir si cette relation se confirme dans l’espèce humaine.

L’étude a inclus 148 enfants asthmatiques âgés de 5 à 17 ans, issus de familles de bas niveau socio-économique (seules 14% des familles avaient une assurance médicale privée) dans la ville de Baltimore aux Etats-Unis. Ces enfants souffrent d’un asthme mal contrôlé (passage aux urgences dans l’année précédente chez 81% des enfants) malgré la prise d’un traitement de fond chez 71% des enfants. L’exposition aux perturbateurs endocriniens était évaluée par la mesure des concentrations urinaires de BPA, bisphénol S (BPS) et bisphénol F (BPF), tous les 3 mois durant une année. En parallèle étaient monitorés les symptômes respiratoires diurnes et nocturnes, leur impact sur la qualité de vie et le recours éventuel à une consultation médicale non programmée, un passage aux urgences ou une hospitalisation pour asthme. Lors de chaque visite trimestrielle, une spirométrie et une mesure du monoxyde d’azote dans l’air expiré, traceur de l’inflammation bronchique, étaient réalisées.

L’analyse des données a mis en évidence une association entre des taux urinaires de BPA et la morbidité asthmatique : augmentation du risque de symptômes d’asthme : odds ratio : 1,40 (1,02-1,92), des consultations médicales non programmées : odds-ratio : 1,84 (1,1-3,0) ou du risque de passage aux urgences pour asthme : odds-ratio : 2,12 (1,28-3,51) pour une multiplication par un facteur 10 du taux urinaire de BPA. Par ailleurs, l’association avec ces trois conséquences ne concernait que les garçons et uniquement le BPA et non BPS ou BPF.

Les auteurs concluent qu’étant donnée la prévalence élevée à la fois de l’exposition au BPA et de l’asthme dans cette population infantile, ces résultats appellent des études complémentaires.

Références : Quirós-Alcalá L., Hansel N. N., McCormarck M., et al. 2020 : Exposure to bisphenols and asthma morbidity among low-income urban children with asthma [En ligne] Journal of Allergy and Clinical Immunology
https://doi.org/10.1016/j.jaci.2020.05.031

L’Anses propose un outil pour hiérarchiser les risques chimiques et biologiques liés à l’alimentation

Depuis la production à la consommation, les produits alimentaires peuvent être contaminés par des agents biologiques ou chimiques. L’Anses a développé un outil d’aide à la décision pour hiérarchiser les risques sanitaires associés à ces contaminants.

L’Anses a d’abord identifié 35 agents biologiques et 11 familles d’agents chimiques susceptibles de contaminer les aliments ainsi que plusieurs milliers de couples aliment-danger jugés pertinents. Elle a ensuite défini des critères de hiérarchisation, en fonction de la probabilité de survenue du risque et de la sévérité des effets sanitaires. Dans une dernière étape, l’Anses a collecté les données disponibles et a renseigné et agrégé les critères au sein de l’outil mis au point.

Cet outil a été testé sur plusieurs contaminants et couples aliment-contaminant, ce qui a permis de montrer son potentiel. En complément, l’Anses conseille la création et la mise à jour d’une base de données pérenne, le déploiement de l’outil grâce à des partenariats nationaux et internationaux, l’application de la méthodologie à l’ensemble des dangers et des couples aliment-danger, l’accompagnement des gestionnaires de risques et l’étude des dangers émergents.

Consultez le communiqué de l’Anses sur https://www.anses.fr/fr/content/s%C3%A9curit%C3%A9-sanitaire-des-aliments-l%E2%80%99anses-propose-un-outil-pour-hi%C3%A9rarchiser-les-dangers

Crèmes solaires pour enfants : encore des substances controversées

Cette enquête menée par le WECF et Agir pour l’Environnement montre que les produits solaires pour enfants contiennent encore trop de substances nocives. Entre mars et mai 2020, le WECF et Agir pour l’Environnement ont recensé les substances controversées figurant dans la composition de 71 produits solaires pour enfants. Les deux associations ont également contrôlé si les industriels respectaient l’obligation d’information de la présence de substances à l’état nanoparticulaire, par l’analyse en laboratoire de trois produits.

Cette enquête a permis de mettre en valeur la présence de 29 substances controversées, dont 5 perturbateurs endocriniens classés comme extrêmement préoccupants. Tous les produits analysés contenaient au moins une substance controversée, et neuf contenaient 10 substances problématiques au minimum. Concernant les substances nanoparticulaires, les trois produits solaires analysés en laboratoire en contenaient effectivement, sans qu’il n’en soit fait mention sur l’emballage.

Cependant, il faut également prendre en compte les risques liés à l’exposition au soleil. Celle-ci, et a fortiori lorsqu’il s’agit d’enfants, présente également des risques sanitaires réels en cas de protection insuffisante. Dans ce contexte, l’usage de produits solaires demeure important bien qu’ils ne soient pas idéaux du point de vue de leur composition.

Deux autres bons réflexes sont d’éviter l’exposition aux heures les plus chaudes de la journée et de vêtir les jeunes enfants pour les protéger du soleil. On peut également citer l’usage de produits après-solaires, peu à risques et que l’on peut facilement fabriquer soi-même, pour parfaite la protection.

Consultez le rapport de l’enquête sur https://petition.agirpourlenvironnement.org/wp-content/uploads/2020/07/Rapport_ProduitsSolairespourEnfants_wecffrance_agirpourlenvironnement20200702.pdf et l’article de 60 millions de Consommateurs à son propos sur https://www.60millions-mag.com/2020/07/07/cremes-solaires-pour-enfants-toujours-des-ingredients-controverses-17546.

Retrouvez aussi d’autres recommandations concernant l’exposition au soleil sur https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/les-risques-de-l-ete-quelques-precautions-a-prendre

Facteurs environnementaux & santé : la cohorte E3N-E4N

Coordonnée par l’Inserm, la cohorte E3N-E4N permet d’évaluer sur le long terme l’impact des habitudes de vie et de l’environnement sur la santé des membres d’une même famille. Elle se compose aujourd’hui de deux générations d’individus, la génération E3N (la première) et la génération E4N (la seconde). A partir de 2021, la cohorte sera complétée de la troisième génération. Elle rassemblera alors plus de 200 000 individus de trois générations successives. Les premiers travaux conduits sur la cohorte E3N concernaient les habitudes de vie, l’alimentation et la prise de médicament. Ils prenaient aussi en compte d’autres paramètres non modifiables dont l’âge, le sexe ou encore les antécédents familiaux. Au fil des observations, les scientifiques ont progressivement commencé à étudier l’influence des facteurs environnementaux. Ils se sont notamment intéressés à l’influence des contaminants alimentaires ou des polluants atmosphériques. C’est ainsi qu’ils ont par exemple établi des liens entre les retardateurs de flamme polybromés et le cancer du sein. La cohorte E3N-E4N a peu à peu motivé des collaborations nationales et internationales. Ceci a permis non seulement de multiplier les travaux mais aussi d’élargir la collecte des données. Aujourd’hui, la banque de données contient 25 000 échantillons de sang et 65 000 échantillons de salive des participants. Consultez l’article de l’Inserm sur https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/e3n-e4n-trois-generations-pour-explorer-qui-influence-notre-sante

Moins de substances chimiques dans les couches pour bébé

En janvier 2019, l’Anses a publié un avis sur la sécurité de la composition des couches pour bébé. Cet avis dénonçait la présence de substances controversées, parmi lesquelles des polychlorobiphényles, des dioxines ou encore des furanes. Suite à l’avis de l’Anses, les industriels s’étaient engagés en février 2019 à travailler à l’amélioration de la composition des couches. 

Afin d’évaluer les progrès faits, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a mené une enquête qui s’est achevée début 2020. L’enquête a permis de constater des améliorations concrètes au niveau de la composition de ces produits. Notamment, il n’y a plus de dépassement des seuils sanitaires liés à l’exposition aux couches pour les différentes substances controversées ciblées par l’avis de l’Anses. La DGCCRF a d’autre? constaté le respect de l’engagement des industriels à afficher clairement la composition des couches pour bébés de manière dématéralisée.

Consultez le communiqué de presse : https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/presse/communique/2020/cp-substances-chimiques-dans-couches-bb.pdf

Biosurveillance de la présence de substances perfluoroalkylées (PFAS) dans le lait maternel en République Tchèque

Les substances perfluoroalkylées (PFAS) sont des polluants chimiques persistants et bioaccumulables. Ils sont classés perturbateurs endocriniens, mais on les suspecte d’autres effets sanitaires néfastes (par exemple d’être cancérogènes). Dans cette étude, des chercheurs ont analysé des échantillons de lait maternel collectés en 2006, 2011, 2014 et 2017 pour en analyser les concentrations en sulfonate de perfluorooctane (PFOS), en acide perfluorooctanoïque (PFOA) et en acide perfluorononanoïque (PFNA), trois PFAS.

Les chercheurs ont détecté du PFOS et du PFOA dans plus de 90% des échantillons analysés. Les concentrations de PFOA étaient significativement supérieures à celles de PFOS. Les concentrations de ces deux substances dans les échantillons de lait maternel ont diminué, ce qui peut être attribué aux restrictions mises en place ces dernières années. Cependant, les concentrations observées restent susceptibles d’effets sanitaires néfastes chez l’enfant si l’on considère les recommandations de 2018 de l’European Food Safety Agency . Ces substances restent donc très présentes, et l’étude témoigne de la nécessité de poursuivre les efforts européens pour réduire l’usage du PFOS et du PFOA et renforcer la surveillance des principales voies d’exposition.

Références : Černá M., Grafnetterová A. P., Dvořáková, D., 2020 : Biomonitoring of PFOA, PFOS and PFNA in human milk from Czech Republic, time trends and estimation of infant’s daily intake. [En ligne]. Environmental Research, vol. 188, 9 p. Disponible en accès payant sur https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935120306563?via%3Dihub

Exposition par l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants aux résidus de pesticides : quels risques sanitaires ?

Les auteurs ont étudié l’exposition chronique aux pesticides par l’alimentation d’enfants français âgés de moins de 3 ans. 516 pesticides et leurs métabolites ont été analysés dans 309 échantillons d’aliments, comprenant des échantillons de nourriture pour bébé et des échantillons d’aliments classiques. A partir de ces analyses, les auteurs ont pu estimer l’exposition chronique des enfants à ces pesticides par l’alimentation selon deux scénarios, et déterminer en conséquence les risques sanitaires associés.

67% des échantillons présentaient des résidus de pesticides, soit 27% des échantillons d’aliments pour bébé et 60% des échantillons d’aliments classiques. Pour 278 pesticides, les concentrations restaient toujours en dessous des valeurs toxicologiques de référence. Cependant, des analyses plus précises seraient à mener pour une partie des pesticides étudiés. D’autre part, l’absence de valeurs toxicologiques de référence pour certains pesticides gêne l’estimation précise du risque sanitaire. De plus, l’EFSA recommande désormais que l’exposition des très jeunes enfants à certains résidus de pesticides par l’alimentation soit inférieure aux concentrations maximales admises dans les aliments à destination des nourrissons et jeunes enfants.

Références : Nougadere A., Sirot V., Cravedi J. P. et al., 2020 : Dietary exposure to pesticide residues and associated health risks in infants and young children – Results of the French infant total diet study. [En ligne]. Environment International, vol. 137, 12p. Disponible sur : https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.105529

Recommandations de l’Anses vis-à-vis des nanomatériaux dans l’alimentation

La présence de nanomatériaux dans les produits alimentaires s’est considérablement renforcée depuis une vingtaine d’années. En conséquence, les travaux et réflexions sur leurs risques mais aussi sur la réglementation de leur emploi se sont développés et multipliés. L’Anses synthétise ici les résultats de ses propres travaux sur les nanomatériaux. Notamment, elle fait le point sur les connaissances à propos de leurs usages et fournit ses propres recommandations pour l’évaluation de leurs risques sanitaires. Elle suggère entre autres de développer l’exhaustivité des données disponibles et de travailler sur une méthodologie d’évaluation appropriée aux nanomatériaux.

Consultez l’article de l’Anses sur https://www.anses.fr/fr/content/nanomat%C3%A9riaux-dans-l%E2%80%99alimentation-les-recommandations-de-l%E2%80%99anses-pour-am%C3%A9liorer-leur. Plus plus d’informations sur les recommandations de l’Anses vis-à-vis des nanomatériaux, vous pouvez également consulter le rapport complet sur https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2016SA0226Ra.pdf

Réduire chez soi son exposition aux ondes électromagnétiques

Cette brochure de la DREAL Nouvelle Aquitaine présente les différentes sources d’ondes électromagnétiques au quotidien :
-les téléphones mobiles
-les appareils de communication pour naviguer sur Internet
-les équipements électroménagers
-les objets radioélectriques destinés aux enfants
Pour chacune de ces catégories, la DREAL donne des conseils pour bien choisir les dispositifs et objets en fonction de leurs risques d’émissions d’ondes électromagnétiques, et dresse également une liste de bonnes pratiques à adopter pour réduire l’exposition. La brochure oriente également vers plusieurs sites de référence pour mieux s’informer à propos des ondes électromagnétiques.

Consultez la brochure de la DREAL sur http://www.nouvelle-aquitaine.prse.fr/IMG/pdf/fiche-electro-prse-hdweb.pdf

Génotoxicité et risque de cancer liés au tabagisme dit de « troisième main »

Le tabagisme dit de « troisième main », c’est-à-dire l’exposition aux résidus de fumée subsistant dans l’environnement après la consommation de tabac, est une problématique de santé publique méconnue et sous-estimée. Le tabagisme passif est aujourd’hui bien documenté et son influence sur la survenue de maladies comme le cancer du poumon a été clairement démontrée. Le tabagisme de « troisième main », en revanche, ne fait l’objet d’une attention particulière que depuis peu. Ses liens avec le cancer ou d’autres maladies chroniques sont méconnus, faute d’études suffisantes à ce propos. Pourtant, des preuves témoignent de la forte présence des résidus de fumée dans les environnements intérieurs. Il est donc important de déterminer les risques associés.

Cet article scientifique synthétise les études existantes sur les risques liés au tabagisme de «  troisième main », qui mettent notamment en avant la génotoxicité et le caractère cancérigène des résidus de tabac subsistant dans l’environnement. L’article illustre ainsi l’avancée des recherches sur ce sujet. Les chercheurs précisent que les études actuelles comportent des limites. Notamment, les personnes sujettes au tabagisme de « troisième main » sont généralement aussi exposées au tabagisme passif et à de nombreux autres polluants environnementaux. Il est donc pour l’heure difficile de déterminer exactement les influences spécifiques du tabagisme de « troisième main » sur la santé, et d’autres études sont ainsi à mener sur ce sujet.

 

Références : Hang B., Wang P., Zhao Y. et al, 2019 : Thirdhand smoke: Genotoxicity and carcinogenic potential. [En ligne] Chronic Diseases and Translational Medicine, 8 p. Disponible en libre-accès sur https://doi.org/10.1016/j.cdtm.2019.08.002